Portrait de Gérard Saillant

 

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Il est surtout connu pour avoir opéré les plus grandes stars du sport, de Schumacher à Ronaldo. Pendant trente ans, Gérard Saillant a été chirurgien à la Pitié-Salpêtrière, s’est engagé en politique et dans le sport professionnel. Aujourd’hui, il est président de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Portait d’un homme aux vies multiples.

Gérard Saillant, c’est d’abord un curriculum vitae long comme le bras. Quand on le lui fait remarquer, il rit de bon cœur, accoudé à sa table de réunion, les pieds sur une chaise, et avoue facilement son  « secret » : « Il faut savoir dormir peu et être très organisé. J’ai horreur d’être en retard ! Il y a trop de choses à faire pour être en retard. »

Difficile d’imaginer que cet homme déterminé, que l'on devine fin stratège, a pu être le jeune garçon un peu dilettante qu’il décrit. Jugez de sa définition du dilettantisme : bachot en poche... à 14 ans, il arrête ses études de mathématiques au lycée Louis le Grand, « trop difficile », pour se lancer dans la médecine « parce que c’est ce que mon père et mon grand-père avaient fait ».

Marathonien, passionné de sport depuis l’époque où il apprenait à lire dans L’Équipe, le chirurgien orthopédiste a opéré des athlètes de renom : Ronaldo, Dan Carter, Michael Schumacher… dont les photos ornent la quasi-totalité des murs de son tout nouveau bureau à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière. Aujourd’hui retraité des blocs opératoires, il assiste tout de même Éric Rolland, le médecin du Paris Saint-Germain, et est en charge des questions de sécurité au sein de la Fédération internationale de l’automobile, aux côtés de son ami le plus proche, son « petit frère », Jean Todt.

« Ce qui n'est pas excellent est mauvais »

Très tôt, alors qu’il est encore externe, Gérard Saillant devient l’assistant d’un des pères fondateurs de l’orthopédie, Robert Judet. Pendant les trente ans qu’il passe à la Pitié-Salpêtrière, il participe au développement et à la diffusion de nouvelles méthodes chirurgicales pour la réparation des vertèbres, avec la pose de vis, ou encore pour celle des tendons. « Chose rare pour un médecin, sa notoriété est aussi grande auprès du grand public que chez ses confrères », raconte le professeur Yves Catonné, son successeur à la Pitié, avec qui Gérard Saillant travaille depuis la fin des années 1970.

Un temps conseiller municipal à Vouzeron dans le Cher et de Rocquencourt dans les Yvelines, il a aussi été conseiller au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports ou encore doyen de la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière. Au risque de délaisser un peu sa vie familiale : « C’est sûr, il faut que la famille le supporte. Heureusement que ma femme était là », admet-il. « Mes enfants ne m’en veulent pas trop, mais c’est vrai, je passe plus de temps avec mes petits-enfants que je n’en passais avec eux ».

Reste que ces expériences ont eu une influence dans sa pratique de la médecine, assure-t-il : « En faisant tout ça, on apporte peut-être un peu, mais surtout on apprend beaucoup.. Trop de mes collègues sont très performants dans leur spécialité, mais ne savent faire que ça. Je trouve ça dommage, car le progrès vient toujours de chez le voisin. » Le progrès, d’ailleurs, semble chez lui une obsession dont témoigne sa devise : « Ce qui n’est pas excellent est mauvais. »

Un homme de réseaux

À 61 ans, alors même qu’il aurait encore pu exercer quelques années, il met un terme à ses fonctions hospitalières. « Je ne voulais pas jouer le match de trop. Je l’ai trop vu, dans le sport comme dans la médecine », se justifie-t-il. Une retraite anticipée qui n’en est pas une, plutôt un rebond vers une énième nouvelle vie.

Il se consacre désormais à un nouveau projet, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, et, décomplexé, s’assure « les meilleurs appuis possibles ». « Des copains, qui sont aussi parmi les meilleurs dans leur domaine » et sont souvent des personnalités très médiatiques : Michael Schumacher, Jean Reno, Jean Todt, Serge Weinberg, alors président du groupe Accor, Maurice Lévy, PDG de Publicis, ou encore Luc Besson, qui réalise même un film promotionnel pour l’ICM. « C’est quelqu’un qui sait s’entourer », confirme Yves Catonné.

Quatre ans et 65 millions d’euros plus tard, l’institut voit le jour en septembre 2010, à la Pitié-Salpêtrière. Gérard Saillant ne fait pas mystère de son objectif : « l’excellence ». En d'autres termes, il s'agit de faire de l’ICM l’un des cinq plus grands centres de recherche du monde, d’ici cinq à dix ans.

 

Le Professeur Saillant en quelques dates :

1945 : naissance à Montluçon (Allier)

1960 : première année de médecine

1976 : professeur à la Pitié-Salpêtrière

1997 : doyen de la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière

2006 : met fin à ses fonctions hospitalières et universitaires

2010 : inauguration de l’ICM, qu'il préside

 

Publié par Raphaëlle Peltier