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Portrait | Jean Picollec : éditeur de provoc'

 

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Jean Picollec Editeur Paris 13e arrondissement Mensuel Le 13 du Mois
En publiant des auteurs et des thèses controversés, Jean Picollec s’est fait une réputation d’éditeur anti-conformiste. Plus complexe et énigmatique que simplement nationaliste, ce Breton est avant tout un homme de réseaux.


Ce fut une rencontre en deux temps. Au premier nous étions dans un restaurant italien. Il a réclamé de fortes épices sur ses spaghetti, s’est levé en plein repas pour mimer un échange et a déclaré par deux fois : « Je suis l’ambulance de l’édition française. » Le second, le lendemain, s’est déroulé dans sa petite maison d’édition du 13e arrondissement de Paris, des locaux d’angle à la pagaille digne de bureaux cambriolés. Là, il a occupé l’espace et le temps avec une impatience débridée, faisant glisser un à un les livres à ses pieds une fois qu’il en avait montré l’intérêt et pointé du doigt une affiche stalinienne sur le mur, « comme ça on ne peut pas dire que je suis anti-communiste. » Deux temps. Un pour la reconnaissance du parcours, à pied, avec contournement des obstacles et estimation du tracé et un pour leur franchissement, droit dans les yeux - les siens sont couleur Atlantique. La plongée, et la traversée.


Dans le panorama de l’édition du 21e siècle, Jean Picollec, 74 ans, semble d’un autre temps, un fouineur tourmenté, dénicheur engagé et dissident satisfait. Son antre, capharnaüm aux dominantes marron-carton et gris-journal, abrite ses livres, bien ordonnés, eux, sur les étagères. Ils sentent le soufre et, parfois, la poudre. Des documents récupérés de maisons d’édition frileuses (« Je suis l’ambulance... »), au goût de jamais lu, vu ni entendu et de « vous allez voir ce vous allez voir ». Pourvu que ce soit argumenté, Picollec est preneur, sans « aucune limite », comme il dit.

 

Picollec, l’infréquentable ?

 


Son plus gros coup : Au nom d’Oussama Ben Laden de Roland Jacquard, sorti le 12 septembre 2001, un hasard. Jean Picollec ne fait pas de calculs de calendrier, sauf lorsque ce dernier est défavorable à ceux qu’il met en cause. En janvier 1981, l’éditeur sort un dossier sur l’affaire de Broglie, du nom d’un député chargé de la campagne de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et assassiné deux ans plus tard. « La maison d’édition d’origine refuse de sortir le livre car Giscard est donné gagnant à la présidentielle. » Lui flaire au contraire le moment en or. Cette singularité, justement, est connue « dans le monde entier », affirme-t-il. C’est vers lui que se tourne l’ambassadeur israélien Freddy Eytan pour publier en France la biographie d’Ariel Sharon, à lui qu’un journaliste algérien emprisonné confie une critique de Bouteflika, c’est encore lui qu’un représentant de la secte Moon choisit pour éditer les mémoires de son gourou, le Coréen Sun Myung Moon. Dans le catalogue 2012, on trouvera Céline, l’infréquentable ? mais aussi Ils ont acheté la presse, enquête sur le pot-pourri médiatico-politico-financier. La manipulation, toile de fond des éditions Picollec.

Dans le milieu, son anti-conformisme l’ostracise : « Manifestement, on ne recherche pas ma compagnie. » Hormis les grosses structures ou les plus spécialisées, peu de librairies font de ses ouvrages leurs têtes de gondole. Une libraire du 13e juge, un peu gênée, que « Picollec n’est pas très progressiste. [...]

Lire la suite dans le 13 du Mois # 19

 

 

 

 

 

Publié par Virginie Tauzin  le 08 Juin 2012
 

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