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Portrait de Denis Baupin

 

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"L'écolo lib"

 

En vingt-trois années de vie politique, l’écolo qui a changé la face de Paris ne s’est pas fait que des amis. Il brigue aujourd’hui la très offerte 10e circonscription, avec la décontraction de ceux qui en ont vu d’autres et l’assurance des opiniâtres.

Autant le faire savoir de suite : Denis Baupin ne dira, en deux heures d’entretien, du mal de personne. Trois hypothèses possibles : 1) il est bienveillant, 2) il esquive, ou 3) comme il est chez lui, confortablement installé sur son canapé taupe, une tasse de café entre les mains, attendri par la bouille de son petit garçon en photo un peu partout, et qu’en plus il a été désigné, avec de grandes chances de l’emporter, candidat dans la 10e circonscription de Paris, il n’a tout simplement pas envie d’en découdre.

À la manière de Laurent Ruquier, qui annonce « ceux qui ne viendront pas ce soir », Denis Baupin ne dira pas au cours de notre rencontre du mal de son adversaire UMP sur la circonscription, Chenva Tieu (« oooh » de déception). « Je suis content d’avoir en face de moi quelqu’un qui ne considère pas Éva Joly comme une étrangère. » Ni même de cette dernière, Éva Joly (Re-« oooh »). Lui qui soutenait Nicolas Hulot lors de la primaire écolo roule aujourd’hui tout naturellement pour celle dont la campagne, comme la popularité, ne décolle pas. « Il ne faut pas regarder le passé. Le conseil que j’ai donné à Éva, c’est de briser l’armure. Quand on se présente devant les Français, il faut savoir parler de soi. Or, Éva considère que c’est un manque de modestie. » Ni, contre toute attente, de son rival historique, Yves Contassot, qui aspirait lui aussi à la circonscription : « Avec Yves, on n’a pas la même façon de faire de la politique. Il est plus dans l’affrontement que moi. C’est un excellent négociateur, il a cette force. »

« Le Vélib’, c’est mon Oscar à moi »

De la force, Denis Baupin doit en avoir une bonne dose, sous ses airs de ne pas chercher des noises. L’illustration évidente en est son bilan comme adjoint aux transports à la mairie de Paris. En sept ans, de 2001 à 2008, l’élu a considérablement transformé le visage de la capitale : couloirs de bus, tramway, Noctiliens, Vélib’, Paris Plages... Conspué par les uns, applaudi par les autres, ces initiatives lui ont au moins valu d’être érigé figure incontournable du Tout-Paris. « Avoir fait tout ça, c’est un luxe incroyable, comme pour Jean Dujardin aux Oscars. Le Vélib’, c’est mon Oscar à moi », se félicite-t-il. Il est d’ailleurs tout aussi fier d’avoir, lors d’une conférence sur les transports à New York, fait se gausser la salle entière en répondant à la question « Pensez-vous qu’on pourrait avoir Velib’ à New York ? » par un «Yes, you can », et ce le lendemain de la victoire d’Obama. Il en rit encore.

Toujours est-il que ce passage en force l’a étiqueté à vie « forcené de l’écologie » - il se fait encore aujourd’hui traiter de « monomaniaque blafard de la détestation automobile » sur Internet (1). Dans son appartement, pas de toilettes sèches, ni panneaux solaires sur le toit, ni récupérateur d’eau de pluie sur le balcon. « Mon premier geste, c’est de faire de la politique. Il ne faut pas culpabiliser les gens, mais leur donner les moyens d’être écolos. C’est aux politiques d’agir. » Après la guerre à la voiture dans Paris, Denis Baupin part à la conquête de l’atome à l’échelon national : « Mon rêve, c’est de faire partie d’une Assemblée qui vote une loi contre le nucléaire. » Alors, une circonscription parisienne cédée par le PS à Europe Écologie - Les Verts (EELV) - l’autre, la 6e, étant réservée à Cécile Duflot - ça ne se loupait pas, quitte à coiffer sur le poteau d’autres prétendants plus légitimes sur les 13e et 14e arrondissements.

Lire la suite dans le 13 du Mois #16

 

Publié par Virginie Tauzin
 

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