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DOSSIER | Youpress - Reporters sans frontières ni patrons

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La journaliste Leïla Minano peu après le séisme en Haïti, en 2010. | Crédit Corentin Fohlen

Youpress est un collectif de journalistes installé dans le 13e. Leur défi : prouver qu’un journalisme jeune, indépendant et collaboratif est possible en pleine crise de la presse.

 

Ils ne traînent que rarement dans leur local, et pour cause, ils ne jurent que par le terrain. Delphine Bauer, David Breger, Amélie Cano, Leïla Minano, Ariane et Stéphane Puccini, Juliette Robert, ils sont sept journalistes pigistes trentenaires à se partager un local de la rue des Tanneries, au même endroit que vos serviteurs du 13 du mois. Cinq rédacteurs, un monteur-cadreur, une photojournaliste. Le collectif s’était fait remarquer en 2008 avec la fameuse séquence du Salon de l’agriculture, où Nicolas Sarkozy, président de la République, avait lâché, face à un badaud, « Casse-toi, pauv’ con ! » Oui c’est eux ! En 2010, ils se sont installés dans ce local de la rue des Tanneries pour en faire leur repaire.

Le collectif Youpress, une énième forme de bureau partagé ? « On a poussé la chose bien plus loin, insistent Leïla et Ariane. On mutualise les infos, on échange sur les opportunités et les souhaits des rédacs. » Ici, on pense collaboratif. Les jeunes journalistes se retrouvent tous les mercredis soirs pour une sorte de conférence de rédaction, où chacun présente aux autres ce sur quoi il travaille, demande et donne des avis, propose des contacts éventuels.

 

Le grand reportage pour ambition

Le collectif, chez Youpress, n’est pas un vain mot. Ils ont commencé par partir ensemble, en 2008 couvrir l’élection présidentielle au Kosovo. « Un projet pour se serrer les coudes. » Ensuite, ça a été des enquêtes, des dossiers « clés en main » réalisés à plusieurs. Le fonctionnement collaboratif perdure. Quand un membre n’est pas en mesure de répondre à une commande, il la propose à un autre. «On ne refuse rien, ça intéresse toujours quelqu’un », témoigne Ariane. « Et quand quelqu’un chope une première pige avec un titre, les autres s’engouffrent dans la brèche », sourit Leïla. Une manière de fidéliser les rédactions. La majorité des 20 membres s’est rencontrée en école de journalisme. C’est là qu’ils ont appris et développé le travail en équipe. « Ça marchait bien, les sujets fusaient, se remémore Ariane. On s’est dit qu’on avait la capacité de développer des sujets à l’infini, de tester des choses, en dehors de la rigidité d’une rédaction. » Car leur particularité est aussi leur statut de pigiste, cette liberté de ne pas avoir de chef au-dessus de leur épaule.

Les débuts de Youpress remontent à 2007. « Tout est parti d’une déception, explique Leïla. On avait des boulots qui ne nous intéressaient pas trop, en presse professionnelle ou à la télévi- sion, alors qu’on avait plein d’idées. » Ras-le-bol d’enquêter sur l’utilité du mascara waterproof, de faire des photos de congrès de chefs d’entreprises du BTP, ironisent-ils sur leur site. « On s’est aussi dit que c’était dommage de renoncer à nos vieux rêves, un an à peine après la sortie de l’école », poursuit-elle. Leur rêve c’était le grand reportage. Comme une passion, malgré les difficultés apparentes. « On voulait en faire dès maintenant, alors que c’est réservé aux vieux de la vieille en rédaction », lâche Ariane. « Et puis l’international est une rubrique où il est assez facile de se différencier », complète Leïla. Et la sauce a pris. On les a retrouvés sur tous les points chauds de l’actualité internationale : séisme en Haïti, printemps arabe en Libye et en Syrie, élections en Russie. Cet automne, Delphine est partie en reportage au Mexique et en Islande, Amélie à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie, Leïla en Irlande, Stéphane a passé près de trois mois avec les rebelles du Sud-Soudan.

 

[...]La suite dans le magazine. Youpress figure parmi un trombinoscope fouillé de jeunes créateurs du 13e. Il y a des agents immo qui font dans la diaspora asiatique, des créateurs de resto plus qu'éthique, des artistes, des des fous du clavier (informatique) et tant d'autres. C'est à lire dans Le 13 du Mois n° 25, disponible en kiosque, au numéro ou par abonnement via notre boutique en ligne.

Publié par Philippe Schaller  le 14 Janvier 2013
 

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