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DOSSIER | Entretien avec Serge Blisko, président de la Miviludes

 

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« LES DÉRIVES SECTAIRES SONT SOUVENT DÉCONNECTÉES DE LA RELIGION »

 

Suite à la démission de Georges Fenech, élu député UMP du Rhône, c’est le socialiste Serge Blisko qui a été nommé par Matignon, le 1er août dernier, à la tête de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Entretien avec cet ancien médecin toujours conseiller du 13e arrondissement.

 

Le 13 du mois : Aujourd’hui, aux crises économique et écologique s’ajoute une crise en l’avenir qui provoque un retour à une certaine forme de religiosité. Quels sont les critères de la Miviludes pour faire le tri entre ces différents mouvements et les Églises traditionnelles ?

Serge Blisko : En vertu de la Constitution française et de la loi de 1905 sur la laïcité, la Miviludes ne regarde ni ne juge aucune religion, même celles que l’on pourrait considérer comme « étranges ». En revanche, nous nous préoccupons des dérives sectaires qui peuvent apparaître au sein même de groupes religieux déjà constitués. Je tiens d’ailleurs à souligner que la majorité de ces dérives se déroulent dans des contextes le plus souvent déconnectés de la religion. Je pense ici à l’affaire des « reclus de Montflanquin », une histoire jugée l’année dernière, dans laquelle l’emprise sectaire a conduit une famille à la ruine et au drame.

 

On constate également que ces nouvelles croyances et dérives sectaires envahissent le Net. Comment la Miviludes agit-elle concrètement face à ce procédé qui fonctionne en deux temps : d’abord celui de l’escroquerie, puis celui de la mise en place de techniques d’emprise sur l’individu ?

Votre description est très juste. Nous sommes effectivement inquiets face à ces nouvelles croyances. En quelques clics, ces dernières proposent des réponses et/ou des solutions dans ce grand supermarché actuel qu’est la quête du sens et du bien-être. Notamment, ces mouvements que l’on nomme thérapeutiques et dont certains peuvent conduire à une dérive sectaire. Ici, le danger principal auquel nous faisons face est celui de l’abandon ou du refus de suivre un traitement médical utile - et souvent très lourd - qui peut faire perdre des chances de guérison à un malade. Des cas de ce type, hélas très graves, ont été évoqués dans notre rapport remis au Premier ministre en 2010. Suite à ces procédés de dérives sectaires, la Miviludes lance toujours un processus d’alerte auprès des différents ordres des professionnels de la santé, de l’Agence régionale de la Santé. Et, dans les cas les plus dangereux, nous saisissons également le Procureur de la République.

 

[...]La suite dans Le 13 du Mois #28.

Publié par Pierre-Yves Bulteau  le 15 Avril 2013
 

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