I
DOSSIER | Entretien avec Jean-Baptiste Eyraud du DAL

 

PDF Imprimer Envoyer

« On assiste au retour des bidonvilles en périphérie de Paris »

Figure emblématique des luttes pour le droit au logement pour tous, Jean-Baptiste Eyraud estime que la vocation première du système HLM ne répond plus aux attentes des plus fragiles.

Le 13 du Mois : On le dit à bout de souffle, opaque et générateur d'inégalités. Qu'est-ce qui s'est enrayé dans le système HLM ?

Jean-Baptiste Eyraud : Déjà, il faut se souvenir que le logement social parisien a servi à collecter de l'argent pour financer des campagnes électorales. Aujourd'hui, ce système clientéliste ou de copinage existe encore mais la fraude n'est pas aussi structurée que dans les années 90. Il reste néanmoins ces passe-droits, cette petite corruption à l'échelle d'intermédiaires qui favorisent opacité et inégalités. Plus globalement, le vrai problème du logement social, c'est l'augmentation vertigineuse des loyers HLM par les bailleurs sociaux. En France, 40% de ces logements ont explosé le plafond des loyers éligibles aux APL. Par ces critères, les bailleurs excluent totalement les ménages les plus fragiles et pourtant prioritaires.

Une crispation qui peut jouer entre les différents bénéficiaires, notamment depuis l'instauration de la loi sur le Droit au logement opposable (Dalo) appliquée depuis 2008...

Aujourd'hui, à Paris, 17 000 dossiers répondent aux critères de la loi Dalo. Majoritairement des personnes expulsées de leur logement, des mal-logés, des familles en situation de surpeuplement qui vivent à trois ou plus dans 25 m² [la réglementation étant de 9 m² par personne, ndlr]. Quand on sait que la durée moyenne d'attente est de dix ans et que la Ville de Paris ne participe pas au relogement des ces personnes en renvoyant systématiquement tous ces dossiers vers la préfecture, on mesure l'ampleur de la tâche. Quand la préfecture arrive à placer à peu près 1 000 dossiers Dalo sur l'année, derrière il en arrive entre 3 000 et 4 000 supplémentaires.

La technique de cotation, aussi appelée « scoring », est vantée comme la nouvelle solution. Peut-elle assainir les conditions d'attribution ?

À Droit au logement, nous n'y sommes pas opposés dès lors que tous les dossiers prioritaires auront été pris en compte avant. Il faut d'abord écluser cette liste des 17 000 avant de s'attaquer à tous les autres dossiers en attente et, notamment, en respectant l'ancienneté des demandeurs.

[...]La suite dans Le 13 du Mois #29

Publié par Pierre-Yves Bulteau  le 07 Mai 2013
 

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir

///  Rubriques
///  Boutique
↓ ↓ ↓                               ↓ ↓ ↓
///  Le kiosque
///  Contacts
Inscrivez vous à notre Newsletter
adresse e-mail: