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PORTRAIT | Le RiPOSTEur

 

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Nous avions croisé Yves Lamoureux lors d’une bataille menée avec ses voisins contre le rachat de leurs appartements par Toit et Joie, filiale HLM de La Poste. Il était alors en plein dans l’écriture d’un roman inspiré de sa longue expérience de cadre dans cette même entreprise. Cette fois-ci, le combat a pour cible l’« ultralibéralisme » qui grignote ce service public. Nous avons rencontré l’auteur chez lui, près de la porte de Choisy.

 

« Votre fils gagnera sa vie avec un porte-plume. » Voilà la prédiction que formulait son instituteur à la mère d’Yves Lamoureux, alors âgé de onze ans. Cinquante ans plus tard, il s’apprête à sortir son premier livre. Dans son roman, ce cadre supérieur de La Poste de 1985 à 2009 raconte tout de l’entreprise, de son évolution vers l’ultralibéralisme jusqu’aux pratiques de harcèlement. Daniel, son ancien patron, se dit surpris du projet, tant il « ne le voyai[t] pas partir là-dedans ». Et pourtant.

 

L’autodidacte engagé

Yves Lamoureux est né à Angers, de parents épiciers. À cinq ans, ces derniers l’emmènent faire un tour de France pendant un an. « Ma mère me faisait cours. Elle devait bien s’y prendre car je n’ai pas eu de difficultés, une fois de retour à l’école primaire », se souvient-il. Il obtient son certificat d’études en 1963, mais ne suit pas de formation universitaire. Un léger regret qu’il compense par la lecture. Dans son salon, une pile de magazines fait face à une armoire remplie de livres. « Plus de 4 000 en tout », avec ceux qu’il a laissés en Anjou. Il achète de tout – Sciences & Vie , Books, Courrier international... -, y compris des revues défendant des points de vue auxquels il n’adhère pas, comme Causeur. « Ça fait réfléchir », commente-t-il en insérant un CD de musique indienne dans sa chaîne hi-fi, choisi parmi une pile où l’on trouve aussi les Tri Yann, Charles Aznavour, ou encore Tchaïkovski.

« C’est quelqu’un de très cultivé et très curieux », décrit le biographe Bernard Violet, qui habite le même immeuble. À son arrivée, Yves Lamoureux est venu lui demander s’il était « le journaliste qui passait à la télé ». Depuis lors, ils ne se sont plus lâchés. « Nous nous sommes rapprochés à l'occasion de son projet de livre car il voulait des conseils », raconte Bernard Violet. Yves Lamoureux lui soumet des passages au fur et à mesure de la rédaction. « Une chance » pour le biographe, qui trouve ce récit très fort : « Il me dit qu’il n’est pas écrivain, mais si, il est littéraire ! », insiste-t-il. « Il y a une immense honnêteté, mais surtout beaucoup de style. Un style mordant, distancié, avec beaucoup d’humour et de magnifiques portraits au vitriol. »

 

En lutte contre la banalité du mal

Dans son livre, Yves Lamoureux raconte « le harcèlement moral à tous les niveaux », cette « évolution nécessaire, mais trop brutale », subie par La Poste. « Un jour, on s’est mis à parler de clients et plus d’usagers. C’est là que j’ai compris que ça avait changé », se souvient-il.

 

[…] La suite dans Le 13 du Mois #35

Publié par Rozenn Le Carboulec  le 12 Décembre 2013
 

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