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DOSSIER | Il y a de la vie entre les tombes

 

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Au cimetière parisien d’Ivry, il y a de la vie entre les tombes

À l’abri de l’agitation urbaine, le cimetière parisien d’Ivry, à quelques centaines de mètres du périph’, est un havre de paix pour de nombreux mammifères, oiseaux et insectes.

 

Ils ont été repérés il y a un peu plus d’un an : cinq ou six hérissons habitent le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Le conservateur des lieux, Benoît Gallot, qui habite sur place, les entend à la nuit tombée, quand ils quittent les haies pour trouver les insectes dont ils se nourrissent.

Depuis que leur présence est confirmée, les services techniques de la Ville de Paris chouchoutent les piquantes bestioles. En début d’année, ils leur ont installé sept petits refuges en bois, camouflés sous du feuillage, pour les protéger et les inciter à rester sur place. Ces petits mammifères, menacés par la disparition de leur habitat, la pollution et les voitures, traînent parfois dans les jardins de banlieue, mais sont rares en ville. Intra-muros, ils peuvent être aperçus dans certains parcs, comme le jardin des plantes, et sur la petite ceinture. Pour l’instant, les chalets n’ont pas trouvé preneurs. « Ils ont été posés trop tard pour l’entrée en période d’hibernation, qui a lieu en octobre, » explique Benoît Gallot. L’année prochaine, peut-être…

 

Quarante-six espèces d’oiseaux et un renard

 

L’Erinaceus europeanus est loin d’être le seul squatteur vivant du cimetière parisien d’Ivry. Calme, non-éclairée la nuit et verdoyante, la nécropole est un lieu propice à l’épanouissement de la biodiversité. Ses 28 hectares abritent aussi une poignée de chauve-souris, quelques chats, et même un renard, qui dévore les offrandes laissées parfois sur les tombes des asiatiques. Il y a surtout une grande variété d’oiseaux. Pierre Delbove, un membre du Centre ornithologique Île-de-France (Corif), qui étudie la faune et la flore de l’endroit, en a repéré 46 espèces. Certaines ne font que passer. « J’ai vu un rossignol une fois, se souvient l’expert. Et un couple de faucons hobereaux a failli s’installer ici. » D’autres sont faciles à repérer, comme les pies, les moineaux, les pigeons, les merles, qui retournent les feuilles mortes à grands coups de bec, ou les perruches, qui ont installé une vingtaine de nids. Et puis il y a les discrets, que Pierre Delbove reconnaît à leur chant puis traque avec ses jumelles, parfois accompagné d’un groupe de passionnés. Les minuscules mésanges, bleues ou charbonnières, et les pigeons colombins, construisent leurs nids dans les cavités laissés par les branches coupées ou tombées des platanes. Les pics verts les creusent eux-mêmes, avant d’être parfois chassés par les perruches. « Contrairement aux pics épeiche, ils ne grattent pas l’écorce pour manger des insectes mais se nourrissent de fourmis qu’ils trouvent au sol. Leurs plumes vertes les camouflent dans l’herbe », explique Pierre Delbove, brisant ainsi un mythe. Une chouette hulotte a un temps élu domicile dans un résineux, ce qui n’a pas manqué d’affoler les geais du parc. Un cantonnier l’a ramassée un jour, grièvement blessée. Emmenée au centre d’accueil de la faune sauvage, à l’école vétérinaire de Maison-Alfort, elle a dû être euthanasiée.

 

[...] La suite dans Le 13 du Mois # 52

 

 

Photo : Ulrich Guerin

Publié par Jérôme Hoff  le 15 Juin 2015
 

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