CULTURE | Exposition « Portraits internes »

CULTURE

A partir du 27 mai

**« Je voulais photographier des élèves dans leur environnement presque naturel, le collège »**

Prof de maths au collège Thomas Mann, Éric Laforgue occupe son temps libre à photographier la ville. Depuis septembre dernier, il s’est attaché à un travail plus humain mais toujours très esthétique, en tirant le portrait d’élèves internes du collège.

Le 13 du Mois : Pourquoi cette envie de photographier des collégiens ?

Éric Laforgue : D’habitude, il y a peu de présence humaine dans mes photos, encore moins de portraits. Ma démarche habituelle est très graphique, géométrique, parfois abstraite, avec un regard appuyé sur l’architecture. Avec ce projet, j’ai eu envie de changer, de m’approcher un peu plus de l’humain et de ceux que je côtoie tous les jours : les adolescents. J’avais envie de les photographier dans leur environnement presque naturel, l’internat, où ils passent toute leur vie et que personne ne connaît vraiment finalement. Un internat est un lieu très hermétique, à la limite du carcéral.

A-t-il été facile de convaincre les élèves de poser pour un tel projet ?

Tout d’abord, et c’est très important, lorsque je me déplaçais au collège le soir pour les séances photos, je n’étais plus professeur de maths, mais bien photographe. Le projet n’était pas pédagogique, il était artistique. Notre rapport était donc très différent de celui que l’on pouvait avoir dans la journée. En réalité, cela a été assez facile de les convaincre. Je m’attendais à beaucoup plus de réticence. Au final, ils sont une quinzaine à avoir joué le jeu. Les filles ont été assez enthousiastes et volontaires même s’il a rapidement fallu leur expliquer qu’il ne s’agissait pas de photos de mode ! Pour les garçons, souvent plus réservés à cet âge [entre 13 et 15 ans, ndlr] il a fallu argumenter un petit peu plus.

Comment se sont déroulées les prises de vues ?

Un soir par semaine, je suis allé à l’internat pour photographier un élève différent. Pas de flash, pas de lumière artificielle, juste un réflecteur tenu par un autre élève. L’idée était de faire de beaux portraits dont ils seraient fiers et leur montrer la différence entre des photos de vacances faites avec un téléphone portable et des photos artistiques. L’idée était de consacrer pas mal de temps par élève, une heure et demie en moyenne, pour se balader dans les différents couloirs à la recherche de la bonne lumière et faire en sorte qu’ils oublient l’appareil photo. Je pense qu’ils seront agréablement surpris. J’ai réussi à avoir ce que je voulais, à saisir des instants de rêverie et en même temps toujours dans leur univers, le collège, dont l’architecture faite de béton brut, de verre et de métal, est omniprésente.