AGENDA | Les sorties et bons plans culture des mois de mai et de juin | L'agenda du mois |
UNE CENDRILLON BURLESQUE - ThéâtreFidèle à sa politique d’accueil de jeunes troupes et de création, le théâtre des Cinq Diamants a ce mois-ci confié ses clés à quatre jeunes comédiennes aussi inventives que talentueuses. Regroupées en collectif (Les Naïves) depuis leur sortie de l’école d’art dramatique voilà 4 ans, ces jeunes femmes n’ont au contraire rien de naïf, proposant aux spectateurs une adaptation moderne de Cendrillon, dépouillé des clichés parfois misogynes qu’il peut véhiculer. Pour dépoussiérer ce conte millénaire il leur aura d’abord fallu le lire, et ce dans toutes les versions disponibles, afin d’avoir un maximum d’idées pour déconstruire les clichées et casser par exemple les rêves absurdes de prince charmant auquel seraient promises les jeunes filles. S’en est suivi un intense mois de résidence sur le plateau nu du théâtre des Cinq Diamants durant lequel elles auront directement testé leurs idées sur scène. Enchaînant séances d’improvisations et discussions à chaud sur ce qui fonctionne ou pas, les quatre comédiennes, bien aidées sur ce point par deux collaborateurs artistiques (Sébastien Chassagne et Élisabeth de Ereño), ont peu à peu élagué le texte de son contenu le plus superflu, privilégié les moments de mime ou de chant, proposant au final un jeu tantôt naturaliste, tantôt burlesque, un peu à la Chaplin. On vous promet une véritable découverte, riche et surprenante, surtout dans cette petite salle du théâtre des Cinq Diamants particulièrement adaptée aux expérimentations théâtrales. Cendrillon, création par le collectif Les Naïves, du 20 au 31 mai à 20h30 (relâche les 23 et 24 mai) au théâtre des Cinq Diamants, 10 rue des Cinq Diamants. Renseignements au 01.45.80.45.34. Tarif unique de 12€.
ÉCLATANTES TAPISSERIES - ExpositionLe 13e ne regorge pas de musées, bien au contraire. Pourtant, du côté de l’avenue des Gobelins se situe un véritable joyau trop méconnu, la Manufacture, dont l’exposition temporaire qui court jusqu’à la fin de l’année est tout simplement sublime. On ne saurait que trop vous conseiller d’y aller, d’autant plus qu’il n’y a jamais foule. Rien à voir, donc, avec les expos du Grand Palais, où il faut s’armer de courage pour apercevoir les œuvres. Ici, optez même pour la formule visite guidée, car si vous avez la même chance que nous, vous aurez droit, faute d’affluence, à un guide rien que pour vous. Il est d’ailleurs étonnant de voir si peu de monde dans cette imposante bâtisse dont la galerie récemment rénovée offre un parcours de visite des plus agréables. En théorie, une tapisserie n’est certes pas ce qui se fait de plus sexy. Détrompez-vous, avec « Éloge de la Verdure », vous serez agréablement surpris par la beauté des pièces présentées, la complexité des réalisations et l’étonnante modernité de l’ensemble. Plus de quatre siècles de création et de représentations de la nature sont présentés sur deux niveaux, à travers une cinquantaine de pièces, des monumentales commandes de Louis XIV aux répliques tissées des Nymphéas de Monet, jusqu’à des œuvres toutes récentes, modernes, complètement dans leur siècle. Aux Gobelins, les couleurs éclatent, les nuances presque en trompe-l’œil évoluent en fonction de la distance des œuvres. Si les lissiers du Roi-Soleil n’hésitaient à travailler avec des fils d’or et d’argent pour créer des reflets, ceux d’aujourd’hui ont laissé de côté, faute de budget, ces matériaux onéreux pour se concentrer sur la création de nouvelles couleurs. Douze à quinze sont ainsi créées chaque année, portant le panel à plus de 25 000, alors qu’une bonne centaine seulement était répertoriée à la fin du 16e siècle. L’art de la tapisserie est donc des plus vivaces, d’autant plus que le Mobilier national achète encore régulièrement des tableaux contemporains afin d’en réaliser la réplique tissée. Une consécration pour un peintre que de faire alors partie à jamais des meubles… de l’État. « Gobelins par Nature : Éloge de la Verdure, XVIe - XXIe siècles », jusqu’au 1er janvier 2014 à la Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins. Du mardi au dimanche de 11h à 18h (fermé les 30 et 31 mai). Renseignements au 01.44.08.53.49. De 4€ à 6€ (entrée libre le dimanche 26 mai). Visites guidées d’une heure environ les mercredis et dimanches à 15h30, les jeudis et samedis à 16h et le samedi à 14h30. De 4€ à 10€.
RADIOGRAPHIE URBAINE - Exposition (PAR-DESSUS PERIPH’)Exposition un peu particulière cette fois-ci au Crédac d’Ivry. Peu d’œuvres présentées, encore moins de « monumentalisme ». Tout est ici affaire de suggestion. Lara Almarcegui, artiste espagnole installée aux Pays-Bas, dissèque la ville et vous suggère d’en faire de même. Elle scrute les interstices urbains et suburbains - terrains vagues, friches, ruines et chantiers -, ces espaces réels et bien présents mais habituellement ignorés, voire cachés, pour mieux questionner sur l’urbanisation croissante, le développement économique et inversement le concept de décroissance. En résidence à Ivry depuis 2010, l’artiste a régulièrement arpenté le territoire et notamment visité, l’hiver dernier, des chantiers pour mieux saisir le sous-sol de la ville, les différentes couches géologiques qui la composent et sur lesquelles tout repose, tout est construit, détruit, rénové. Le but de ces visites est tout simplement de voir, d’expérimenter la terre sous la ville juste avant qu’elle ne soit retirée. C’est un acte à portée politique qui fait poser notre regard sur les dernières zones non exploitées de l’espace urbain soumises à des logiques économiques de plus en plus fortes. Ce travail de simple observation et de déconstruction, elle le réalise notamment - et c’est très malin -, en présentant sur de grands tableaux, le poids réel d’une ville. Ainsi, vous apprendrez que pour construire le centre-ville historique d’une ville moyenne française (elle prend l’exemple de Dijon), il vous faudra très exactement 1 514 245 tonnes de matériaux, du bois à la pierre en passant par la laine de verre... Tout y est détaillé avec précision. Déroutant à première vue, pertinent quand on prend la peine d’y réfléchir un peu. « Ivry souterrain », de Lara Almarcegui, jusqu’au 23 juin au Crédac, le Centre d’art contemporain d’Ivry situé dans l’ancienne Manufacture des Œillets, 25-29 rue Raspail, 94200 Ivry-sur-Seine. À 200 mètres de la station Mairie d’Ivry (ligne 7). Renseignements au 01.49.60.25.06. Du mardi au vendredi de 14h à 18h et le week-end de 14h à 19h. Entrée libre.
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Publié par David Even le 06 Mai 2013 |