Niché non loin de la place Jeanne d'Arc, Le Père Fecto, c'est l'Italie pénarde au bistrot. À la tête de ce bar de quartier, l'ancien steward Didier François, qui a ramené de ses voyages amitiés et originalités culinaires. Parmi ces mille et unes pâtes travaillées à l'ardoise, un plat familial de Campanie : la nunzia.
Ce soir-là, comme à peu près tous les soirs de la semaine, Didier François est partout à la fois. À terminer de dresser une table, à servir un demi derrière le comptoir, à s'engouffrer sous son zinc pour ramener de la cave une caisse de bouteilles, à tailler le bout de gras avec les premiers clients arrivés rue Jean Colly... Explosif, le patron du Père Fecto. À tel point qu'il avait même oublié notre nouveau rendez-vous culinaire « Un resto, un chef, une recette » ! Qu'à cela ne tienne, en attendant d'assister à la préparation de la « nunzia », nous engageons la conversation avec Guillaume, venu se détendre en compagnie de son fils Gaspard après une longue journée de boulot. D'autant que la nunzia, Guillaume l’apprécie particulièrement. À l'entendre, on regretterait presque de ne pouvoir y goûter tout de suite : « Ce sont des lasagnes sans en être vraiment. Ce qui est imbattable, c'est le mélange de tous ces produits frais. » Jambon de pays, mozzarella, parmesan, aubergine... Simple comme peuvent souvent l'être ces plats familiaux du dimanche. « On sent vraiment le goût des légumes, et puis cela reste un plat léger », poursuit Guillaume, qui explique même en avoir commandé quatre portions lors d'une soirée match de foot à la maison.
C'est cette convivialité au resto - plus rarement en plat à emporter - qu'a voulu recréer Didier François : « La nunzia vient du nom d'une grand-mère italienne qui préparait chaque dimanche cette recette à ses sept enfants. » Au milieu de la fratrie, on retrouve l'ancien patron de La Tratoria, célèbre enseigne du côté de Nation, que Didier François a bien connu. « On se connaît depuis 25 ans, résume-t-il en servant à boire à Guillaume. Je suis plusieurs fois allé lui rendre visite à Sarno, petite ville italienne sur les flancs du Vésuve. C'est d'ailleurs lui qui m'a confié cette recette et l'a enseignée à mon cuistot. » Hormis la convivialité du plat, la clé principale de la nunzia réside dans son temps de préparation : « La première fois que j'en ai mangé dans cette maison familiale, les femmes s'y étaient mises très tôt le matin. » Peu à peu, l'ensemble de la maisonnée s'était imprégnée de mille odeurs, et bientôt les papilles avaient pu en savourer l'exquise saveur. À ces souvenirs gustatifs, Guillaume sourit et insiste lui aussi auprès de son pote Didier : « T'es vraiment sûr que tu n'en as pas prévu pour ce soir ? » Le patron du Père Fecto est déjà parti s'occuper d'un autre client. Pour ce soir, donc, la nunzia attendra...
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Le Père Fécto, 15 rue Jean Colly. Renseignements et réservations au 01.53.61.07.67.
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