Fidèle à sa politique d’accueil de jeunes troupes et de création, le théâtre des Cinq Diamants a ce mois-ci confié ses clés à quatre jeunes comédiennes aussi inventives que talentueuses. Regroupées en collectif (Les Naïves) depuis leur sortie de l’école d’art dramatique voilà 4 ans, ces jeunes femmes n’ont au contraire rien de naïf, proposant aux spectateurs une adaptation moderne de Cendrillon, dépouillé des clichés parfois misogynes qu’il peut véhiculer. Pour dépoussiérer ce conte millénaire il leur aura d’abord fallu le lire, et ce dans toutes les versions disponibles, afin d’avoir un maximum d’idées pour déconstruire les clichées et casser par exemple les rêves absurdes de prince charmant auquel seraient promises les jeunes filles. S’en est suivi un intense mois de résidence sur le plateau nu du théâtre des Cinq Diamants durant lequel elles auront directement testé leurs idées sur scène. Enchaînant séances d’improvisations et discussions à chaud sur ce qui fonctionne ou pas, les quatre comédiennes, bien aidées sur ce point par deux collaborateurs artistiques (Sébastien Chassagne et Élisabeth de Ereño), ont peu à peu élagué le texte de son contenu le plus superflu, privilégié les moments de mime ou de chant, proposant au final un jeu tantôt naturaliste, tantôt burlesque, un peu à la Chaplin. On vous promet une véritable découverte, riche et surprenante, surtout dans cette petite salle du théâtre des Cinq Diamants particulièrement adaptée aux expérimentations théâtrales.
Le 13e ne regorge pas de musées, bien au contraire. Pourtant, du côté de l’avenue des Gobelins se situe un véritable joyau trop méconnu, la Manufacture, dont l’exposition temporaire qui court jusqu’à la fin de l’année est tout simplement sublime. On ne saurait que trop vous conseiller d’y aller, d’autant plus qu’il n’y a jamais foule. Rien à voir, donc, avec les expos du Grand Palais, où il faut s’armer de courage pour apercevoir les œuvres. Ici, optez même pour la formule visite guidée, car si vous avez la même chance que nous, vous aurez droit, faute d’affluence, à un guide rien que pour vous. Il est d’ailleurs étonnant de voir si peu de monde dans cette imposante bâtisse dont la galerie récemment rénovée offre un parcours de visite des plus agréables.
En théorie, une tapisserie n’est certes pas ce qui se fait de plus sexy. Détrompez-vous, avec « Éloge de la Verdure », vous serez agréablement surpris par la beauté des pièces présentées, la complexité des réalisations et l’étonnante modernité de l’ensemble. Plus de quatre siècles de création et de représentations de la nature sont présentés sur deux niveaux, à travers une cinquantaine de pièces, des monumentales commandes de Louis XIV aux répliques tissées des Nymphéas de Monet, jusqu’à des œuvres toutes récentes, modernes, complètement dans leur siècle. Aux Gobelins, les couleurs éclatent, les nuances presque en trompe-l’œil évoluent en fonction de la distance des œuvres.
Si les lissiers du Roi-Soleil n’hésitaient à travailler avec des fils d’or et d’argent pour créer des reflets, ceux d’aujourd’hui ont laissé de côté, faute de budget, ces matériaux onéreux pour se concentrer sur la création de nouvelles couleurs. Douze à quinze sont ainsi créées chaque année, portant le panel à plus de 25 000, alors qu’une bonne centaine seulement était répertoriée à la fin du 16e siècle. L’art de la tapisserie est donc des plus vivaces, d’autant plus que le Mobilier national achète encore régulièrement des tableaux contemporains afin d’en réaliser la réplique tissée. Une consécration pour un peintre que de faire alors partie à jamais des meubles… de l’État.
Exposition un peu particulière cette fois-ci au Crédac d’Ivry. Peu d’œuvres présentées, encore moins de « monumentalisme ». Tout est ici affaire de suggestion. Lara Almarcegui, artiste espagnole installée aux Pays-Bas, dissèque la ville et vous suggère d’en faire de même. Elle scrute les interstices urbains et suburbains - terrains vagues, friches, ruines et chantiers -, ces espaces réels et bien présents mais habituellement ignorés, voire cachés, pour mieux questionner sur l’urbanisation croissante, le développement économique et inversement le concept de décroissance. En résidence à Ivry depuis 2010, l’artiste a régulièrement arpenté le territoire et notamment visité, l’hiver dernier, des chantiers pour mieux saisir le sous-sol de la ville, les différentes couches géologiques qui la composent et sur lesquelles tout repose, tout est construit, détruit, rénové. Le but de ces visites est tout simplement de voir, d’expérimenter la terre sous la ville juste avant qu’elle ne soit retirée. C’est un acte à portée politique qui fait poser notre regard sur les dernières zones non exploitées de l’espace urbain soumises à des logiques économiques de plus en plus fortes. Ce travail de simple observation et de déconstruction, elle le réalise notamment - et c’est très malin -, en présentant sur de grands tableaux, le poids réel d’une ville. Ainsi, vous apprendrez que pour construire le centre-ville historique d’une ville moyenne française (elle prend l’exemple de Dijon), il vous faudra très exactement 1 514 245 tonnes de matériaux, du bois à la pierre en passant par la laine de verre... Tout y est détaillé avec précision. Déroutant à première vue, pertinent quand on prend la peine d’y réfléchir un peu.
Loin des pointures du milieu qui ornent habituellement cet espace, vous serez surpris par la qualité graphique des photos exposées par des élèves de primaire à qui la Maison de la photo de Gentilly a confié des objectifs. Si le but du projet est avant tout pédagogique, le résultat final n’en est pas moins bluffant par la qualité artistique produite. Construit autour de plusieurs compétences, des bases techniques de la photographie à la pratique de la prise de vues, de la lecture d’images à la mise en œuvre d’un thème imposé - cette année les lignes, formes et volumes - le projet, coordonné par un photographe professionnel, a la vertu d’occuper une place essentielle dans le cursus scolaire des élèves. À découvrir pour la beauté brute des clichés.
Les arts de la rue envahissent le 13e et particulièrement le quartier de la BNF. Le dimanche 26 mai, le centre d’animation Goscinny, associé pour l’occasion au Festival val de marnais « Vive l’art rue ! », qui se déroule lui du 18 mai au 2 juin, convie quatre compagnies professionnelles et deux troupes d’amateurs à battre le pavé à leur manière. Hip hop, théâtre de papier poétique, histoires de princes et princesses burlesques et participatives, magie et, pour en prendre plein les yeux, une performance de hula hoops à plus de 10 mètres du sol. Rien que ça pour une première édition !
Autre projet de grande ampleur, celui de la Coopérative De Rue et De Cirque, qui a choisi d’investir durant tout le printemps différents lieux de Paris et particulièrement du 13e pour un parcours artistique exigeant, gratuit et à suivre sur plusieurs mois. Pêle-mêle, du cirque à bascule au parc de Choisy (18 et 19 mai), de la danse devant le kiosque à journaux au 40 avenue d’Italie (31 mai et 1er juin), du théâtre mobile au parc de Choisy (du 31 mai au 2 juin), de la danse participative tous les mardis jusqu’au 21 mai de 14 heures à 19 heures au niveau des arrêts du Tram T3a. Une programmation très riche, doublée d’une profonde réflexion sur le territoire, ses frontières et lieux de passage.
Riche et originale rétrospective consacrée à Jean de Gonet et à son art, souvent méconnu, de la reliure. Considéré depuis trois décennies comme le maître en la matière, ce passionné amoureux du travail bien fait invente sans cesse de nouveaux procédés avec comme seules lignes directrices la fonctionnalité et l’élégance. À découvrir, c’est assez surprenant.
L’immense et sombre vaisseau qui trône encore solidement au milieu du tout nouveau quartier Paris Rive Gauche s’ouvre comme chaque année au public le temps d’un week-end. L’occasion pour les curieux de découvrir la fourmilière artistique que renferment ses entrailles et une fois pour toute de mettre un terme à la fausse image de squat qui traîne encore aux basques du lieu. Entre un studio d’enregistrement, des créateurs de matières, des sculpteurs du musée Grévin ou encore un réparateur de pianos, n’hésitez pas à découvrir cet espace emblématique du 13e.
Son titre loufoque « La tristitude » a fait le tour des ondes et des réseaux sociaux l’année dernière. Oldelaf se produit cette fois-ci dans un spectacle taillé sur mesure pour les plus jeunes, chantant l'histoire d'un petit garçon qui n'a rien d'un ange. Bête et méchant, il torture les animaux jusqu'au jour où ceux-ci prennent le dessus et imposent leur loi. Drôle et malin.
Fin de mai très chaude à l’Âge d’Or avec une succession de deux concerts aux tonalités caribéennes. Djip tout d’abord le 24 mai, chanteur guitariste, accompagné d’un percussionniste caribéen, surfe sur un reggae électrique et métissé, proche du son des légendes Steel Pulse et Bob Marley. Noumou enfin le 31 mai, chanteur, joueur de Kora et percussionniste sénégalais, connu pour avoir accompagné les plus grands sur scène comme Youssou N’Dour, Alpha Blondy et MC Solaar.
La programmation de la péniche El Alamein s’étoffe de mois en mois. Comme c’est pratiquement l’un des derniers cafés-concerts digne de ce nom à Paris et particulièrement dans le 13e, n’hésitez pas à vous enfoncer dans la cale de ce magnifique bateau surtout connu pour la végétation luxuriante de son pont-bar. Là-bas, les concerts c’est presque tous les soirs, les artistes invités souvent méconnus mais bourrés de talent.
Publié par David Even le 06 Mai 2013