DANSEURS URBAINS | Entretien avec Frédéric Etcheverry et Gloria Aras | CULTURE |
« Il ne faut pas grand-chose pour que les gens se lâchent »En juin prochain, le duo Etxea invitera des habitants du 13e à s’improviser danseurs dans la rue. Habitués à investir l’espace public, Frédéric Etcheverry et Gloria Aras proposent en dansant de réfléchir à la ville, à l’espace qui nous entoure et plus largement au vivre ensemble. Le 13 du Mois : En quoi consisteront les promenades dansées que vous proposerez en juin dans le 13e ? Etxea : Toutes les personnes qui participeront à nos balades dansées seront volontaires puisqu’elles devront d’abord s’être inscrites via les centres d’animation Goscinny et Poterne des Peupliers. Aucun prérequis n’est exigé, tout le monde peut participer. Ensuite ce sera assez libre. Après un petit réveil musculaire et la démonstration de quelques codes d’improvisation, nous irons déambuler dans les alentours des centres d’animations. Il est impossible de dire pour le moment de manière exacte ce qu’il y aura, tout dépendra des personnes qui viendront. Même si nous travaillons déjà sur certains éléments, nous serons très attentifs aux envies des gens avec qui nous serons. Libre à eux de proposer des choses. Ce qui est intéressant c’est que l’on sera dans deux quartiers peu animés, avec peu de commerces donc peu de flâneries et de passage. On aura donc l’occasion d’animer un peu l’espace public. Pourquoi danser dans la rue ? Pour créer des accidents poétiques. L’idée n’est pas de danser dans un lieu aseptisé, avec des rues fermées à la circulation, comme pendant un festival. Avec ce projet on veut s’approprier l’espace public tel qu’il est avec la vie qui suit son cours, les flux de voitures et de gens qui sont là et au milieu desquels les codes sociaux nous défendent a priori d’être et particulièrement de danser. L’idée est de faire s’interroger sur la ville qui nous entoure et la manière dont on y évolue. Même si l’espace est public, il n’est pour autant pas synonyme de liberté. Le seul endroit où vous pouvez faire ce que vous voulez, c’est chez vous, pas dans la rue. L’extérieur est très codifié quand on regarde bien. Notre réflexion, d’ailleurs, part de là. Dès que nous sommes à un endroit, on ne peut pas s’empêcher d’observer les flux, d’où viennent les gens, où ils vont. Ces cycles de mouvements sont finalement très réglés, presque millimétrés. Et nous, un peu comme des gamins, on veut casser ce qui fonctionne, casser ces flux auxquels on ne prête pas forcement attention. Qu’est-ce qui se passe si je m’allonge par terre au milieu d’un flux de passants ou si je porte ma partenaire sur mes épaules, par exemple ? N’est-il pas difficile de convaincre les gens de participer à ce type d’improvisation ? L’année dernière, nous avions déjà investi les stations de tram du 13e, des lieux très codifiés où l’on ne se déplace pas n’importe comment. Au final, on a eu pas mal d’interactions avec les usagers, beaucoup ont même raté quelques trams et directement participé à nos expériences. On a eu envie d’aller encore plus loin cette année. Après ça dépend bien évidemment des gens. On essaye de susciter leur envie d’autre chose, de réveiller leur « capacité d’enfance ». En réalité, il ne faut pas grand-chose et pas longtemps pour que les gens se lâchent. « Diagonales 13, déambulations collectives », promenades participatives avec Frédéric Etcheverry et Gloria Aras dans le cadre du projet TerritoireS en questionS organisé par compagnie 2R2C. 1er groupe le mardi 17 et le jeudi 19 juin de 17h à 20h. Rdv au centre d'animation René Goscinny, 14 rue René Goscinny (Inscriptions au 01.45.88.46.68). 2e groupe le vendredi 20 juin de 18h30 à 21h30 et le samedi 21 juin de 10h à 13h. Rdv au centre d'animation Poterne des Peupliers, 1 rue Gouthière (Inscriptions au 01 45 88 46 68). « Déambul’action » commune des deux groupes le samedi 28 juin de 16h à 19h à la porte de Choisy (le lieu précis de rdv sera communiqué plus tard). |
Publié par David Even le 05 Mars 2014 |