Journal ou glacé, c’est quoi ta came ? Se défoncer au papier, c’est moins rock n’roll, c’est sûr. Pourtant, il paraît que, quand ça tourne mal, les effets sont assez lourds : bougonnements, hypersensibilité, isolement, crises de nerfs... On vous dirait bien d’éviter tout contact avec le papier, comme le font déjà ceux qui ne mettent jamais les pieds dans les kiosques et les librairies – traumatisés, sevrés, « papiphobes », nombrilistes ? – mais ce serait nous tirer une balle dans nos pieds à nous. Soyons lucides, avec la presse, les risques d’overdose sont très faibles, et il n’y a pas tant de dealers que cela non plus. Depuis trois ans et un trimestre d’existence du 13 du Mois, nous sommes bien placés pour le savoir : dans le 13e comme partout en France, les points de vente ne vont pas en se multipliant. Faute d’acheteurs, ils ferment ou mutent, tirant un trait définitif ou partiel sur la presse. L’offre n’est certainement pas assez satisfaisante, l’information n’inspire probablement pas tellement confiance. Le 13 du Mois, meilleure vente magazine du 13e, assiste, impuissant, à cette crise sans précédent. Comment continuer de vendre un magazine sans points de vente ? Nous nous posons sérieusement la question. Le lecteur, drogué ou non, en pâtit lui aussi : que va faire l’habitué de Vélipa, librairie-papeterie-presse de la dalle des Olympiades quand, fin février, celle-ci sera devenue une friterie ? Un détour de pâté de maisons ou deux pour trouver un kiosque – qui vit peut-être ses dernières heures –, ou changer de came ? C’est parce que le sujet nous touche de près, et vous aussi, que nous le traitons, à coups d’exemples, dans nos pages société. Notre dernier numéro, consacré à Chinatown, s’est très bien écoulé (le pied !), et nous aimerions penser qu’il en sera de même pour les dix autres de 2014. Pour cela, il faut s’accrocher encore. Évitons ensemble la descente.
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Publié par Virginie Tauzin le 10 Février 2014