À la télévision, l’approche serait matérialisée par un micro tendu. Nous, en presse écrite, avançons plus discrètement, sans rien présenter devant nous, un carnet minuscule planqué dans la poche, sorti au dernier moment et gribouillé à hauteur de genoux. « Ne lâche pas l’interlocuteur des yeux sinon c’est lui qui te lâche. » On a progressé à tâtons, plus que jamais. Et pourtant. Dans notre Chinatown, où vivent près de 20 000 personnes d’origine asiatique, si peu sont prêts à ouvrir les guillemets (entre parenthèses, comment ferait la télévision ?). Leur passé ne nous est raconté que dans les envergures : des conflits au Vietnam, au Cambodge, au Laos, et des boat-people serrés sur des bateaux en bois dans la houle de la mer de Chine. Des images de JT, point. Au fond, quand on y pense, c’est une histoire de dingues, jalonnée d’exclamations et d’interrogations. Qu’il a fallu sortir de terre. Trente, quarante ans déjà, que le Triangle de Choisy a entamé sa transformation. À mesure de rebondir, comme une boule de flipper, de restaurants en associations, puis de fouiner dans les carnets d’adresses, se sont dessinés en pointillé des visages et des parcours. Nous vous présentons, au final, de larges portraits de réfugiés, habitants, commerçants et politiques, qui reviennent sur les conditions de leur exode et de leur vie ici, à Paris.
Dans nos deux reportages 13e Œil, qui sont aussi des portraits de notre époque, des groupes de jeunes s’expriment, eux, en musique. Aucun point commun entre les mordus de pop sud-coréenne, la K-pop, qui dansent sur la dalle des Olympiades, et les trentenaires plus virils d’Exsonvaldes, que nous avons suivi durant quatre mois et qui fabriquent depuis 15 ans leur musique et leur succès. Si ce n’est que ce sont tous des passionnés. N’est-ce pas la fougueuse année du cheval qui s’amorce ? De notre côté, nous vous la souhaitons chaleureusement bien prospère, ponctuée de belles évasions (pas fiscales, hein).
Publié par La rédaction le 14 Janvier 2014