VIDEOSURVEILLANCE | le faux-débat | Société |
La question de la vidéosurveillance ou vidéoprotection est un thème politique fort. La droite souhaite l'implantation de plus de caméras, la gauche se veut plus discrète, mais assume sans complexe « son » dispositif. Le 13e compte 92 caméras, ce qui en fait l'un des plus dotés de la capitale. Mais avec quel résultat, quelle efficacité ? Décembre 2011, le plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP) est voté. Deux ans après, plus de 1 100 caméras ont envahi les rues de la capitale. Coût du dispositif : 200 millions d’euros sur quinze ans. La vidéosurveillance, vante-t-on, permet d'assurer l'ordre public, de lutter contre la délinquance ou le risque terroriste. Des caméras bienveillantes donc. Dans le 13e, pas moins de 92 appareils ont pris leurs quartiers. Zones très ciblées : les zones dites « sensibles » comme la dalle des Olympiades ou place Souham, la BNF, la place d'Italie, les grands axes (avenue d'Italie, de Choisy, d'Ivry). En réalité, nous sommes épiés : bus, tram, métro, RER, train, gares SNCF, musées, ponts ou encore magasins, près de 40 000 caméras nous scrutent à Paris. Mais puisqu'on vous dit que ce n'est pas de la vidéosurveillance, mais de la vidéoprotection... Une sémantique qui oppose deux camps. D'un côté, les farouches opposants de l'atteinte aux libertés publiques, comme le collectif « Souriez, vous êtes filmés » ou le Parti pirate ; de l'autre, ceux qui y voient un aspect sécuritaire, répressif et dissuasif, déterminant. Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste de la délinquance, rappelle qu'il faut éviter deux « mythologies, l'idée qu'on serait dans une société Big Brother, sans cesse épiés, ou à l'inverse que c'est le remède miracle. » PERSONNE POUR REGARDER LES IMAGES PENDANT DES MOISAlors quel bilan peut-on dresser ? Selon la préfecture de police, en deux ans, les caméras auraient été utilisées 15 647 fois et auraient permis 6 827 interpellations. « C'est un outil incontournable, indique une source policière du 13e soumise au devoir de réserve en cette période électorale. On fait du flagrant délit presque tous les jours, on s'en sert pour les accidents de circulation, il serait impossible de travailler sans. » Satisfait de « l'aspect préventif et dissuasif », mais sans pouvoir chiffrer réellement l'impact, Laurent Miermont, adjoint du 13e à la sécurité, en aimerait plus encore que les 92 existantes. Il rappelle cependant qu'avec l'incendie du commissariat, en avril 2012, le raccordement a été très ralenti et ne s'est achevé que depuis un an. En clair, personne ou presque n'observait les bandes enregistrées par les caméras des mois durant.
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Publié par Philippe Schaller le 05 Mars 2014 |