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COUMET / GALLOIS, le face-à-face

 

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Après avoir successivement donné à la parole à tous les candidats déclarés pour la bataille des municipales dans le 13e, Le 13 du Mois entame la dernière ligne droite avant le vote en conviant à un face-à-face les deux principaux candidats : le maire socialiste sortant, Jérôme Coumet, et sa challenger de droite, Édith Gallois (1). Au menu de ce débat entre autres : abstention menaçante, crise du logement et problèmes d’insécurités.

À moins d’un mois du scrutin, peu de gens semblent réellement intéressés. Ne craignez-vous pas que le parti des abstentionnistes soit le réel vainqueur sur le terrain ?

Jérôme Coumet : C'est toujours une crainte, surtout quand la politique est une passion. La désaffection vis-à-vis de la politique, des politiques, nous interroge tous. La campagne parisienne a été peut-être un peu longue, mais en même temps, quand on va sur le terrain, on ne s'aperçoit pas que les électeurs sont loin des choses. Les habitants du 13e ont pleinement bénéficié d'une solidarité parisienne - le conservatoire, cinq crèches qui ouvrent lors de ce premier trimestre, de nombreux jardins -, je pense qu'ils le perçoivent fortement. Ils ont conscience que c'est important pour eux de pouvoir continuer à en bénéficier. Donc je n'ai pas de crainte particulière.

Édith Gallois : Pour l'instant, on ne peut pas parler d'abstention, mais plutôt d'attentisme. Si, déjà pour la politique en général, ce n'est pas une bonne chose, on ne peut pas se réjouir que les habitants du 13e, les Parisiens et les Français n'aient pas l'envie de voter  – c'est un droit et un devoir citoyen. Comme le disait Jérôme Coumet, on sent que la campagne parisienne est partie il y a déjà très longtemps, et en même temps que les électeurs ne sont pas encore complètement rentrés dedans. Je vois aussi une désaffection des politiques, que je crois en partie liée à un rejet du président de la République et de la politique qui est menée actuellement.

J. C. Ce n'est pas nouveau non plus...

E. G. Non, ce n'est pas nouveau, mais il y a eu un déni de la crise assez coupable et les Parisiens que je rencontre me disent : « Vous êtes tous pareil, on nous a mentis, on va continuer à nous mentir ». C'est à nous, responsables politiques et élus de terrain, de ramenerle discours à la réalité. Personne, aucun politique n'a d'intérêt dans cette désaffection. Celle-ci est liée au fait qu'il n'y a pas assez de proximité entre les élus parisiens et les habitants, les élus d'arrondissement ne sont pas toujours bien identifiés et les citoyens ne savent pas comment se répartissent les responsabilités.

J. C. La distance se crée aussi par des actes. Quand Mme Kosciusko-Morizet joue au bonneteau à Paris en replaçant ses amis d'un arrondissement à l'autre : Mme Méhal qui voulait être candidate dans le 13e et se retrouve deuxième dans le 18e ; le candidat du 20e qui vient du 17e etc. Le grand jeu de bonneteau sans aucun ancrage local me semble une erreur très forte. J'ai de tous temps connu le 13e : j'y suis né, je continue à l'apprendre chaque jour. Sur une population aussi importante, il vous arrive de découvrir encore des choses, et ça prend du temps. La politique municipale, c'est apprendre le territoire pour mieux le faire évoluer.

E. G. Je n'annonce pas que je vais sauver le monde. Il faut avoir une certaine humilité, du courage, ce qui manque au président actuel. Je n'appelle pas à un vote sanction, mais pour ma personne.

Faisons le bilan de la majorité sortante dans le 13e.

E. G. Il est possible d'agir plus qu'il n'a été fait. Ce que je reproche à Jérôme Coumet et à son équipe, c'est de n'avoir pas suffisamment valorisé le 13e arrondissement. Le 13e est méconnu, il n'est pas identifié des Parisiens. L'arrondissement est souvent limité au quartier chinois, que j'aime pourtant, mais ça m'énerve beaucoup. Il faudrait qu'on porte mieux son image. C'est un arrondissement plein d'atouts, de charme, de micro-quartiers, mais qui n'est pas assez valorisé. Les grands projets se passent partout ailleurs. On annonce des baignades mais pas dans le 13e, on fait des grands projets comme le stade Jean-Bouin [qui accueille le club de rugby du Stade français, ndlr] pour l'ouest parisien, tandis que le stade Charléty est complètement délaissé... Aucun projet valorisant pour Paris ne se passe dans le 13e.

Et Paris-Rive gauche, la halle Freyssinet ?

E. G. Il était question de la démolir quand même ! Elle a été sauvée grâce à la mobilisation des riverains. Je suis ravie qu'elle soit conservée, transformée en pépinière d'entreprise, qu'on l'appelle « Silicon Valley française », même si c'est un peu prétentieux. Nous sommes favorables à tout ce qui se fait pour les entreprises, mais pour les soutenir, les protéger, il faudrait déjà moins les taxer.

J. C. Je pense qu'on ne peut pas fonder une politique sur le dénigrement d'un territoire. Le 13e, s'il y a bien une chose qui nous remonte, c'est qu'il s'améliore ces dernières années. On a ouvert un collège, cinq écoles, 21 établissements pour la petite enfance, on a construit beaucoup de logements, livré 13 jardins... Ça, c'est de la politique de proximité. Quant au développement du territoire, moi j'ai connu un 13e où il n'y avait quasiment que des logements. Maintenant, il y a beaucoup de lieux culturels, on s'ouvre vers la Seine, un élan se dégage grâce à l'université - nous sommes le premier arrondissement universitaire de Paris -, il y a un développement économique très important et la halle Freyssinet est un nouveau signe positif. En 2001, le projet de l'ancienne municipalité était de la raser complètement. Nous avons fait le choix de la sauver, avec l'intuition que tôt ou tard un projet intéressant allait émerger pour ce lieu assez étonnant. Et c'est ce qui s'est produit...

E. G. Enfin, ça devrait être, car pour l'instant ce n'est rien.

J. C. Ce sera la première pépinière d'entreprises au monde, avec 1 000 start-up, ce qui montre l'attractivité de notre territoire. L'élan donné par l'université, par les implantations d'entreprises a attiré d'autres installations, comme le projet de Xavier Niel. L'analyse défendue par Édith Gallois me paraît très dépassée. Le 13e était en effet un peu en marge de Paris il y a quelques années, mais il est aujourd'hui pleinement dans la dynamique de la capitale et je veux que demain, il soit dans celle du Grand Paris, la figure de proue du sud-est parisien.

 

 

[...] Lire la suite dans Le 13 du Mois #38

 

Publié par Administrator  le 11 Mars 2014
 

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