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DOSSIER | Infirmières surbookées

 

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Le maintien à domicile exige souvent le passage quotidien d’une infirmière. Antoinette Moreau, gérante d’un cabinet place Jeanne-d’Arc, a accepté de nous embarquer sur sa tournée matinale, entre petits soins, lourdes charges, coups de blues et constats inquiétants.

 

Son trousseau contient une nuée de clés et de badges, mais Antoinette Moreau s’y retrouve les yeux fermés. Aucune serrure, aucun code ni aucun étage n’échappent à sa mémoire, ou plutôt à ses automatismes. Chaque jour, l’infirmière effectue la même tournée dans le même ordre, dans le secteur de la place Jeanne-d’Arc, et quand elle entre dans un appartement, elle sait précisément quels soins y dispenser. Ça ne traîne pas : « Le rythme à adopter, en théorie, c’est quatre patients à l’heure, soit quarante en une journée », explique-t-elle. Des journées qui s’étendent facilement de 6h30 à 20h, « avec une séance paperasse au milieu ».

Ce n’est pas un hasard si, ce matin-là, la plupart des patients que visite Antoinette sont âgés de plus de 80 ans. « Pour la majorité, on est dans des cas de maintien à domicile avec forte dépendance et parfois des pathologies lourdes : troubles cognitifs, difficultés respiratoires, cardiaques... » Qui nécessitent donc un passage une à deux fois par jour. C’est souvent en haut de tours ou de grands immeubles, dans de petits appartements encombrés de boîtes de médicaments, que vivent ces personnes seules et se déplaçant difficilement. Quand Antoinette Moreau y débarque dans les premières heures du jour, elle les trouve généralement dans leur lit ou assis sur leur canapé en robe de chambre. « Je vous attendais », entend-on d’une petite voix dans l’obscurité. « Il y a des patients que l’on va lever et à qui l’on va faire la toilette, mais j’avoue que, maintenant, j’ai décidé de faire de moins en moins ce que l’on appelle le nursing, ces soins d’hygiène pour personnes alitées. Il y a une période où on ne faisait que ça », raconte l’infirmière. Trop usant. À 54 ans et presque 23 en tant que libérale, Antoinette, gérante d’un cabinet de neuf infirmiers, s’est peu à peu défaite de cette tâche. D’autant plus qu’un(e) aide- soignant(e) est tout aussi compétent(e) pour ce type de soins.

 

La fragile définition du rôle de l’infirmière

Ni aide-soignante, ni aide à domicile, ni médecin, ni psychologue, l’infirmière est pourtant amenée à être multifacettes. « Préparer à manger, par exemple, ce n’est clairement pas notre rôle », affirme-t-elle. Chez ce couple de nonagénaires très dépendants qu’elle suit depuis de longues années, c’est elle qui, pourtant, s’affaire en cuisine pour le café et les tartines du matin. Chez d’autres, elle tire les rideaux ou ramasse naturellement des objets qui traînent par terre en lançant avec entrain : « Je fais comme chez moi, hein ? »


[...]La suite dans Le 13 du Mois #27

Publié par Virginie Tauzin  le 11 Mars 2013
 

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