PORTRAIT | Sonia et Lisa Cat-Berro | Portrait |
Yes sistersJazz sistersLeur père confond encore parfois leur prénom. Le milieu du jazz français, lui, ne fait pas la confusion. Chez les sœurs Cat-Berro, il y a Sonia, la chanteuse aux trois albums, qui partage la scène avec Tony Paeleman et Thomas Dutronc, et Lisa, la saxophoniste qui trace sa route aussi bien en compagnie de Rhoda Scott que de François Morel. Deux frangines que tout rapproche et qui, pourtant, n’ont partagé la scène qu’une seule et unique fois. Portrait croisé de deux femmes de jazz rencontrées au cœur du 13e.Leur iris couleur océan contraste avec la grisaille ambiante. Rencontrer les sœurs Cat-Berro, c’est s’offrir une parenthèse. S’évader du quartier du Château des Rentiers pour plonger dans la douceur de Châteauneuf-sur-Loire. Au fil des articles qui leur ont été consacrés se dessine la légende journalistique selon laquelle Sonia et Lisa Cat-Berro auraient grandi à l’abri de murs entièrement recouverts de vinyles. Pas faux. Dans le sillon forcément jazzy de ce mythe fondateur, les frangines racontent une famille musicale avec « un père mélomane, collectionneur » et « une mère chanteuse » qui les emmenait souvent à la chorale de cette commune du Loiret. « J’aimais tellement ça, se souvient Lisa, qu’après avoir chanté avec les petits, je rejoignais Sonia chez les grands. Le soir, il m’arrivait même de rester avec les adultes... » Des séances de répétitions vocales qui s’éternisaient souvent dans la voiture, sur le chemin du retour. « Bien pourvu en termes d’activités artistiques », Châteauneuf-sur-Loire disparaît pourtant du rétroviseur de la famille Cat-Berro, partie s’installer à Orléans. La passion du jazz, elle, se poursuit. Les sœurs grandissent et découvrent plus que des chansons, une culture. « Cette musique m’a toujours intéressée sans pour autant en avoir lu ses livres-manifestes », explique Lisa. Ce jazz qui swingue, qui sonne par la force des instruments, par la force des voix, par la force des mots. Ce jazz anglophone qu’apprécie également son aînée. « C’est par ces mots que cette musique véhicule si justement une partie de la culture américaine. Je n’écris qu’en anglais parce qu’il me semble très difficile de faire du jazz dans une autre langue. » « Everytime we say goodbye »Des voûtes de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, le chemin des sœurs Cat-Berro emprunte celles des lycées Henri IV et Claude Monnet, où elles bachotent en prépa littéraire. Une « malédiction des bons élèves », que Sonia finit par briser. Comme une évidence. « Un jour, raconte l’aînée, ma mère m’a montré un article consacré au CIM... En y repensant, sur le coup, elle a dû s’en mordre les doigts ! » Sonia Cat-Berro en rigole encore aujourd’hui. Car ces trois lettres résument à elles seules cette nouvelle trajectoire que la chanteuse suit désormais depuis quinze ans.
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Publié par Pierre-Yves Bulteau le 15 Avril 2013 |