PORTRAIT | C215, street artist | Portrait |
La rue lui est acquiseC215, de son vrai nom Christian Guémy, fait partie de la centaine de talents qui exposent en ce moment à la Tour Paris 13. En quelques années, il est devenu l’un des principaux représentants du street art en France, notamment dans le 13e, où ses pochoirs ornent le mobilier urbain par dizaines. Un rôle de précurseur qu’il dit avoir de la peine à assumer. Rencontre à Vitry-sur-Seine, dans son atelier.
Christian Guémy est arrivé à Vitry-sur-Seine «par accident», il y a un peu moins de quatre ans. Il voulait se rapprocher de sa fille, Nina, venue habiter à Ivry avec sa mère, dont il venait de se séparer. Depuis lors, il laisse dans chaque quartier des traces de la présence de Nina. Des portraits colorés et saisissants d’humanité, que l’on retrouve dans son atelier. Aux murs, en vrac : des pochoirs, des images de vierges, un autoportrait et des photos de sa fille. S’il a choisi le pochoir, c’est parce qu’il s’était mis en tête de réaliser des portraits de sa fille autour de chez elle, avec un « degré technique qui permette qu’elle se reconnaisse ». Depuis lors, ce medium ne l’a plus quitté, tout comme les portraits : « Je voulais parler d’identité, mais ce sont mes angoisses, mes souffrances qui m’ont conduit à ça, ça ne se choisit pas », confie-t-il. À l’époque, il n’imaginait pas qu’il ferait de ces portraits un métier. Sa popularité l’a pourtant rattrapé.
L’un des pères du street artChristian Guémy a commencé à peindre vers 11 ans. « C’est un oncle qui m’a ouvert les yeux, mais je n’ai jamais pris ça au sérieux », raconte-t-il brièvement. Après avoir amassé les connaissances à la fac – études de langues, d’économie, master en histoire de l’art à la Sorbonne, un autre en histoire de l’architecture –, une carrière d’universitaire s’ouvre à lui. Mais, au dernier moment, il renonce. Les boulots s’enchaînent : il devient historien de l’art pour les Compagnons du devoir, chargé d’études pour le syndicat du meuble, ou encore responsable export dans le textile... En 2006, il publie deux livres de poésie, mais ne continuera pas dans cette voie : « Ça s’est bien vendu, mais je ne voulais pas en écrire un troisième, je n’étais plus inspiré. » Sa motivation, dit-il, n’a jamais été l’argent. Il voulait être libre, simplement. « Populariser l’expression de rue », s’adresser au plus grand nombre, enrichir la ville avec un langage universel. Donner à voir « un message consensuel ». Bref, il voulait « faire du beau ». Et ça a marché. Peut-être un peu trop.
[...] La suite dans Le 13 du Mois #33 |
Publié par Rozenn Le Carboulec le 10 Octobre 2013 |