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POLITIQUE | Et deux dissidents à droite, deux

 

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La désignation de la tête de liste UMP-Modem-UDI dans le 13e s'est faite dans la douleur. Patrick Trémège, Anne-Sophie Souhaité et Fadila Mehal tour à tour pressentis et/ou annoncés, c'est Édith Gallois qui l'a finalement emporté. Ouf, pensait-elle mi-janvier, lors du lancement officiel de sa campagne. C'était sans compter sur deux candidatures dissidentes de dernière minute.

Ils ont attendu fin janvier pour se déclarer. Huit semaines seulement avant les municipales. Mais les deux candidats dissidents y croient. Benoît Meyruey et Aurane Reihanian porteront respectivement les couleurs de « Nous citoyens » et « Paris libéré » fin mars. S'ils réfutent le terme de « dissident », tous deux présentent une alternative à Édith Gallois, au centre et à droite. Les deux candidats ont peu de moyens, ils redoutent une forte abstention et la montée des extrêmes. Mais leurs parcours et leurs motivations les distinguent.


BENOÎT MEYRUEY, L'ANCIEN LIEUTENANT QUI SE REBIFFE

Benoît Meyruey veut « remettre les citoyens sur le devant de la scène ». En guerre contre les « états-majors nationaux qui décident des candidats à la place des militants », l'homme espère atteindre les 5% pour peser au second tour. Ses engagements pour cette campagne : « Gérer en bon père de famille les ressources de la municipalité, attribuer les logements sociaux par tirage au sort pour éviter le copinage, aider les PME-TPE pour que l'emploi reparte. » Ce militaire de formation, depuis reconverti dans le privé, n'est pas un inconnu. Au Nouveau centre – et donc à l'UDI – depuis quatre ans, il s'était présenté aux législatives de 2012 dans la 10e circonscription et avait recueilli... 0,66% des voix. « J'ai remplacé quelqu'un [Édith Gallois !, ndlr] au pied levé, rappelle-t-il. Je n'ai fait que dix jours de campagne et il n'y avait pas de place pour le centre. Là, pour les municipales, il y a un vrai créneau. » L'ancien lieutenant d'Édith Gallois s'est émancipé : « Je ne vois pas la politique comme elle, je suis contre le cumul des mandats et je considère que quand on a gagné aussi bien sa vie, on ne devrait pas être dans un logement social. » Tout ça est dit avec le sourire, mais l’homme semble amer. On sent comme un petit air de revanche dans l’air.

 

AURANE REIHANIAN, « LA VRAIE DROITE »

Étudiant en troisième année de droit et apprenti à la Caisse des dépôts et consignations, Aurane Reihanian représente dans le 13e, le mouvement de Charles Beigbeder. Placé à la tête de la liste après la défection tardive de Jean-Baptiste Olivier, Aurane Reihanian se dit « très heureux d'avoir été choisi ». Même en second choix. Ses priorités pour le 13e : « soutenir la liberté d'entreprendre, combattre la surfiscalité et réinstaurer la sécurité, aux Olympiades notamment ». Certes conscient des difficultés à peser dans la campagne, le jeune homme envisage sans complexe « un score à deux chiffres ». Et se voit en rempart contre les extrêmes. « Si je ne me présente pas, le FN fera 10 % », avertit-il. Disciple de l’UMP Chenva Tieu, il se présente avant tout contre l'union avec l'UDI. « Je ne suis pas un dissident, j'incarne la vraie droite », martèle-t-il. C'était aussi le credo de Jean-Baptiste Olivier, pressenti pour mener la bataille avant de finalement rejoindre la liste d'union d'Édith Gallois et une « incongrue » sixième place. « C'est le pire que je pouvais imaginer, confesse le conseiller de Paris. J'étais candidat à la deuxième place il y a quelques mois et là je dois me contenter de la 6e. Mais je veux faire gagner mon camp », lâche-t-il finalement bon joueur.

Benoît Meyruey et Aurane Reihanian sont encore en train de constituer leurs listes. Bien décidés à se présenter en leur nom au premier tour, aucun d’entre eux n'exclut un ralliement au second. Édith Gallois, elle, se veut rassurante et même un brin sarcastique : « Pour être franche, je n'en pense pas grand-chose. Benoît Meyruey a des ambitions personnelles, un besoin de reconnaissance, il se trompe de combat. Quant au candidat de Paris libéré, je ne le connais même pas. » Si elle se sent menacée ? « Pas franchement. »

 

AU CENTRE ET À DROITE, DES RANCŒURS TENACES

Mais en plus de ces dissidences, Édith Gallois n'est pas tranquille jusque dans son propre camp. Le lancement officiel de sa campagne, le 15 janvier dernier, l'a bien montré. Finis les atermoiements, l'heure était au rassemblement. Promis, juré, craché. Édith Gallois, Patrick Trémège et Anne-Sophie Souhaité avaient réuni une cinquantaine de militants dans l'arrière-salle bondée d'un restaurant. Si « les premiers de la liste » prenaient soin d'afficher un semblant d'unité, celle-ci s'est vite fissurée à travers les interventions de l'assistance. Une sympathisante de l'UMP expliquait sa « difficulté à voir la liste partagée avec le Modem, qui avait appelé à voter François Hollande ». Un peu plus tard, un militant du Modem était rabroué alors qu'il revenait sur la manière dont Fadila Mehal avait été écartée sur le fil au profit d’Edith Gallois. Au centre et à droite, les rancœurs sont tenaces. « Nous sommes issus de familles politiques différentes, chacun a son histoire, son ego, mais maintenant je fais consensus », assure la candidate.

Publié par Philippe Schaller  le 10 Février 2014
 

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