DOSSIER | DROGUES DANS LE 13e : Les voies de la désintox | Dossier |
Des milliers de personnes passent chaque année la porte de l’un des centres d’accompagnement ou de soins en addictologie du 13e ou rejoignent un groupe de parole. La gamme des addictions est variée : tabac, alcool, médicaments, substances illicites, jusqu’aux jeux-vidéo et au sexe. Rencontre, dans ces pages, avec ces dépendances et les structures qui les soulagent.
« Nous sommes dans une société compulsive addictive », lance d’emblée le docteur Yves Edel, psychiatre et chef de l’unité d’addictologie de la Pitié-Salpétrière. Dans le plus grand hôpital d’Europe, un millier de patients viennent consulter chaque année pour trouver une solution à leur problème de dépendance. « Quand on est accro on ne vit que pour trouver son produit. Il y a des patients qui nous disent avoir passé leur dimanche à chercher un tabac ouvert », raconte sa collègue Geneviève Boyer, assistante sociale, qui précise qu’« il s’agit rarement d’une dépendance à un seul produit ». Peu nombreux sont, en effet, les alcooliques qui ne sont pas accros au tabac ou les héroïnomanes qui ne boivent pas... À la Salpêtrière comme dans les trois Csapa du 13e, auprès de professionnels sont retracées des histoires très personnelles et des fragilités psychologiques bien plus profondes que celles causées par la dépendance. « Pour tous les malades de la dépendance, le chemin est le même vers ces petits capteurs cérébraux qui sollicitent les produits, et qui ne les oublient jamais vraiment », ajoute Geneviève Boyer. La dépendance est donc une maladie longue durée dont on ne guérit jamais vraiment. Parmi celles traitées dans les consultations : l’alcool, les anxiolytiques, l’héroïne, le skénan (sulfate de morphine), le cannabis, mais aussi les drogues dites « sans produits » telles que le jeu, les écrans, le sexe. Selon le docteur Edel, la tendance à l’addiction est de trois hommes pour une femme.
Soins : de l’offre et de la demandeSur le 13e, la gare d’Austerlitz, les péniches du Port de la Gare et l’université de Tolbiac sont les trois principaux foyers de consommation, même s’ils sont loin de rivaliser avec certains points chauds du nord de la capitale, gare du Nord en tête. Arrondissement social par excellence – « 43% des lits d’hébergement de Paris intra-muros sont situés dans le 13e », rappelle le docteur Edel –, il attire une population précaire, à même d’être confrontée à des problèmes de dépendances. En plus des autres services de l’hôpital (urgences, cardiologie...), avec qui la liaison est assurée, l’unité d’addictologie de la Salpêtrière reçoit des cas signalés par la Mie de Pain ou l’Armée du Salut. « Le réseau social est bien structuré dans le 13e, confirme Catherine Péquart, directrice de l’association Charonne. Et l’offre de soins est importante. » Si, il y a une vingtaine d’années, l’association s’est installée quai d’Austerlitz, cela tient à davantage au marché de l’immobilier : « On a trouvé de la place à un prix raisonnable. » Aujourd’hui, la directrice cherche à se tourner davantage vers le 13e. « Le Csapa reçoit des gens de tout Paris, mais j’ai le souhait de rendre service à l’arrondissement », lance-t-elle. Au Csapa Confluence, situé rue de la Fontaine-à-Mulard, des actions sont depuis longtemps menées conjointement avec différents organismes du coin, dont l’école de chimie, les établissements scolaires, l’équipe d’éducateurs de rue de la Brillat-Savarin, juste en face mais aussi, au niveau départemental, avec le parquet des mineurs. Dans ce large dossier, nous avons tenté de brosser un tableau le plus exhaustif possible des principales addictions recensées. Nous avons rencontré les acteurs, malades ou soignants, dans les structures d’accueil et d’écoute, avec pour but d’intéresser, informer, orienter, convaincre ou rassurer.
Un dossier à lire et relire dans le 13 du Mois # 37
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Publié par Virginie Tauzin, Jérôme Hoff, Elsa Sabado le 10 Février 2014 |