PORTRAIT | Philippe Coupey – Strictement zen | Portrait |
Il était chercheur en uranium aux États-Unis ; il est devenu moine bouddhiste à Paris. La seconde vie de Philippe Coupey exige rigueur et détermination. Petite leçon de « zenitude » au dojo de la rue de Tolbiac avec l’un des principaux représentants de la pratique zazen en France. Et ça ne plaisante pas.Ce matin, comme tous les matins, Philippe Coupey s'est levé à 5h30. Depuis son appartement, situé dans le 14e arrondissement, il a pris le chemin du dojo zen de Paris pour s'adonner à la pratique qui régit sa vie : le zazen. Rue de Tolbiac, l'association Zen Internationale ouvre ses portes. Il n’est que 7h15. Le silence règne, mais dans l'air flotte déjà une forte odeur d'encens. Le bâtiment accueillera d'ici quelques minutes une vingtaine de pratiquants. Après s'être déchaussés, ils se munissent chacun d'un zafu, un petit coussin noir sur lequel ils s'assiéront pour la méditation. Puis, toujours dans le calme, hommes et femmes de tous âges rejoignent leurs vestiaires pour enfiler le kesa, le vêtement de Bouddha. Noir, encore une fois. La séance commence à 7h30 et aucun retard n’est toléré. Le gasshô (joindre les mains pour saluer) est exigé pour pénétrer dans cette pièce sacrée. Un à un, tous préparent leur petit coussin et s'assoient en tailleur face à un mur. La colonne vertébrale bien droite, les mains posées l'une sur l'autre, vers le haut. Pendant 30 minutes, tout le monde devra rester concentré sans bouger, dos à Philippe Coupey, qui dirige la séance. « Si vous n'êtes pas à l'aise, vous vous concentrez sur votre respiration. Si vous n'êtes vraiment pas à l'aise, et que quelque chose vous gêne, alors vous pouvez vous lever », explique Patrick, un des disciples. Mais pas n'importe comment. C'est seulement après avoir effectué deux gasshô que vous serez autorisés à vous réinstaller. Et il faut attendre le gong annonçant la marche méditative du kinhin pour se lever. Puis chacun se remet en position assise du zazen, jusqu'à la fin, où tous chanteront des sutras à l'unisson, mêlant leur voix au timbre grave de Philippe Coupey, avant de gagner l'étage pour prendre la gen-maï, la soupe de riz et de légumes traditionnelle des moines zen. Là, dans le silence, il faudra encore réciter quelques sutras. Ce n'est qu'après ce dernier rituel que les esprits se relâchent et que les premiers mots sont prononcés. « Le bien-être est malsain, égoïste »Depuis plus de 40 ans, tel est le quotidien de Philippe Coupey, devenu moine zen presque malgré lui. La méditation régit son corps et son esprit depuis qu'il a rencontré le maître bouddhiste Taisen Deshimaru, principal fondateur des groupes zen en Occident. En 1969, Philippe Coupey quittait sa ville natale, New York, pour se rendre en France. Il faisait déjà du yoga et du karaté, avait beaucoup lu sur l'hindouisme et le bouddhisme tibétain, avant que quelqu'un lui parle de l'existence du dojo de Paris. Il n'a plus quitté le lieu depuis. « Deshimaru parlait un anglais un peu bâtard, on avait donc déjà un langage en commun », raconte Philippe Coupey, avec un fort accent américain. Ses études de littérature l'ont rapproché de son maître : « J'ai écrit pour lui et l'ai accompagné jusqu'à sa mort. » Au décès de Deshimaru, Philippe Coupey songe à retourner aux États-Unis, mais il se sent investi d'une mission qui finira par prendre le dessus sur sa vie : « J'avais un devoir de transmission, je devais donner à d'autres ce que j'avais vécu ici. » De disciple, il est peu à peu devenu maître, et compte aujourd'hui parmi les principaux représentants du zazen en France, et particulièrement dans le 13e, où siège l'association Zen internationale, créée par Taisen Deshimaru. […]
Lire la suite dans le 13 du Mois # 38
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Publié par Rozenn Le Carboulec le 05 Mars 2014 |