DOSSIER | Entretien avec Robert Misrahi, philosophe du bonheur | Dossier |
« La recherche du bonheur n’est pas égoïste mais légitime et naturelle »Les auditeurs de France Inter ou France Culture ont peut-être déjà entendu la petite voix de ce philosophe du bonheur ou se souviennent de son portrait dans Le 13 du Mois de janvier 2013. Robert Misrahi a consacré sa vie et son œuvre à réfléchir à la question. Il insiste : c’est parce qu’il a connu enfant, dans le 13e arrondissement, la violence, la misère et le chômage de son père, qu’il est tant à-même à parler d’apprentissage et de reconstruction. Du haut de ses 88 ans, il nous donne une petite leçon de bonheur.Qu’est-ce qu’être heureux, Robert Misrahi ? Être heureux, c’est être en plein accord avec soi-même, avec son existence. C’est être joyeux d’exister dans le présent car nous rencontrons un état que nous avons désiré et décidé. C’est le sentiment de plénitude et d’accomplissement. Mais attention, il ne faut pas confondre bonheur et plaisir. Car le plaisir a l’inconvénient d’être éphémère. Il doit être bien sûr intégré au bonheur, mais pas son constituant. Cela demande alors un certain nombre d’efforts ? Oui, car pour y parvenir, il faut que l’individu ait déjà une certaine conception de l’existence. Le bonheur commence par une autonomie absolue. Il faut prendre conscience que la recherche du bonheur n’est pas du tout égoïste. Au contraire : il est légitime et naturel d’accéder au bonheur. La plupart des gens sont dans l’aliénation parce qu’il faut le dire, la vie n’est pas commode. Alors il ne suffit pas de désirer être heureux pour surmonter les difficultés quotidiennes. On ne dit pas simplement « je vais choisir l’optimisme ». Il faut, au fond, être convaincu que la situation de souffrance dans laquelle on se trouve n’est ni juste ni nécessaire. Bien souvent, c’est dans un moment de crise que l’on est face à un choix : se laisser choir ou se reconstruire.
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Publié par Virgnie Tauzin le 05 Juin 2014 |