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PORTRAIT | Archie Shepp

 

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Le blues du jazzman

Il fait aujourd'hui partie des derniers grands noms du jazz, mais ne se définit pas comme jazzman. Archie Shepp est avant tout un amoureux de la musique afro-américaine. Rencontre au domicile qu'il occupe une partie de l'année, porte de Choisy.

De l'extérieur, on ne se doute pas que dans cette petite rue d’Ivry-sur-Seine, habite une légende du jazz. Quand bien même l'artiste serait en train de répéter, les voisins n'en entendraient rien : un petit studio a été aménagé au sous-sol pour qu'il puisse librement faire résonner les vibrations de son saxo.

En entrant dans ce charmant pavillon, pourtant, les notes semblent retentir de toutes parts. Sur les murs, où règnent en maîtres des saxophonistes capturés sur le vif et des pochettes d'albums. Sur les meubles, où foisonnent divers ouvrages sur l'histoire du jazz. Et, surtout, à travers ce piano qui nous accueille dès l'entrée, et près duquel Archie Shepp travaille, concentré, sur son ordinateur, alors que sa compagne, Monette Berthommier, ex-journaliste et productrice à France Culture, nous accueille chaleureusement. Ce jour-là, lui est un peu bougon. Il n'a pas eu le temps d'enfiler un de ces tailleurs classieux qu'il a l'habitude de revêtir lors de ses concerts, coiffé par un chapeau de feutre noir. Mais de son charisme, il n'a pourtant rien perdu. De sa fougue contestataire non plus, malgré la fatigue que lui infligent ses 76 ans. Archie Shepp a joué avec les plus grands, de Chet Baker à John Coltrane. Mais l’homme n'est pas un jazzman, non : il fait de la « musique afro-américaine ».

De la Floride ségrégationniste à Paris

Né en Floride en 1937, il a vécu la ségrégation raciale au plus près. Il se souvient, notamment, de ce jour, peu avant sa naissance, où l'homme qui vivait avec sa tante a été pendu pour avoir demandé un verre d'eau à une femme blanche. Une histoire qui l'a marqué à jamais. Et sa musique avec. En 1972, Archie Shepp sort Attica Blues, un album qui rend hommage aux insurgés noirs de la prison d'Attica, dans l'État de New York qui, une année plus tôt, se soulevaient pour dénoncer les conditions de détention et le racisme des gardiens, suite au meurtre du Black Panther George Jackson. Ces émeutes ont fait 39 morts, dont les trois quarts étaient des prisonniers. « Tout le monde doit se souvenir de cette tragédie », insiste Archie Shepp encore aujourd'hui.

[...] Lire la suite dans le 13 du Mois#41

Publié par Rozenn le Carboulec  le 05 Juin 2014
 

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