POLITIQUE | « Je suis contre une métropole parisienne à deux vitesses » | Politique |
Un temps encore utopie, le Grand Paris frappe aujourd’hui à notre porte de manière toujours plus insistante. Le 1er janvier 2016, demain, naitra officiellement la Métropole de Paris, qui regroupera la capitale et les départements de la petite couronne. En 2020, après-demain, devraient aussi disparaitre les départements. Nous sommes allés parler de ces changements, de la manière dont ils sont perçus et entrepris en banlieue, avec Christian Favier, président communiste du conseil général du Val-de-Marne, voisin immédiat du 13e et vif opposant à la suppression de son institution.Le 13 du Mois : Avez-vous la même vision du Grand Paris qu’Anne Hidalgo ?Christian Favier : On ne peut pas dire que nous ayons deux visions divergentes. Il y a des sujets d’intérêt métropolitain qui sont indéniables et sur lesquels on se rejoint car ils se posent de manière encore plus forte au cœur de l’Île-de-France. Je pense au logement et à la répartition de l’emploi sur le territoire qui est directement liée. Mettre des milliers de bureaux à l’ouest dans le quartier de la Défense et loger ces travailleurs à l’est, dans des banlieues moins chères, est non seulement un non-sens mais un casse-tête en termes de gestion des transports et de qualité de vie. La métropole parisienne, devra s’occuper de cela en priorité. Et vos divergences ?Anne Hidalgo parle beaucoup d’attractivité, de compétition entre les métropoles internationales et ça me préoccupe. L’image est importante mais ce n’est pas tout. Je ne pense pas que cela doit être l’objectif d’une métropole qui doit avant tout être pensée pour améliorer le quotidien des gens. Que Paris souhaite continuer à attirer les sièges sociaux des grandes entreprises, c’est une chose, mais elle devrait aussi davantage s’appuyer sur les mécaniques qui existent en banlieue, parce qu’il s’y passe des choses. Je souhaite une métropole qui parte du bas, des territoires, plutôt qu’une métropole construite d’en haut, technocratique, très centralisée, avec le pouvoir aux mains de quelques-uns. C’est ma grande crainte. Craignez-vous une métropole à deux vitesses, dans laquelle Paris aurait seule le leadership ?C’est un risque en effet. Mais je ne veux pas caricaturer les choses. Prenons les faits. Dans le projet de loi sur les métropoles, il est prévu de nouveaux échelons intermédiaires, les territoires, qui regrouperont des zones de 300 000 habitants. Sauf exception pour Paris, qui devient automatiquement un territoire à elle seule. Donc, pour la métropole parisienne, on aura le territoire de Paris, soit 2 millions d’habitants, et plusieurs autres de 300 000 habitants. Qu’on le veuille ou non, il y aura forcément un déséquilibre. On aurait très bien pu réfléchir autrement et sortir de ces limites du périphérique pour définir des territoires nouveaux. Parce que si on parle de lieux de vies, de cohérence, on aurait très bien pu mettre le 13e et Ivry dans le même territoire. Idem pour toutes les communes limitrophes comme Charenton et le 12e. Finalement, on fait du neuf avec du vieux. Il faut être attentif à tout cela si l‘on veut une métropole équilibrée dans laquelle tout le monde se sente investi.
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Publié par David Even le 10 Octobre 2014 |