I
PORTRAIT | Paolo Calia

 

PDF Imprimer Envoyer

Extravaganza

Créateur d’univers merveilleux et animateur télé, Paolo Calia possède un studio aux Frigos depuis près de trente ans. Roi de la nuit parisienne, à la belle époque du Palace, il a travaillé avec le maître ès rêve, Federico Fellini. Rencontre avec ce dandy un brin barré à l’univers baroco-rococo assumé.

Arrivé au troisième étage des Frigos, je frappe à une porte sur laquelle ne figure aucun nom. Derrière cette porte, une voix me parvient, teintée d’un fort accent italien. Un petit homme chauve et souriant, une sorte de génie tout de noir vêtu, m’ouvre. C’est Paolo Calia. Il me fait pénétrer dans une pièce immense pleine de coins et de recoins. C'est baroque, rococo, kitsch, merveilleux, tout ça à la fois. Les lumières habilement disposées créent de savants clair-obscur.

 

Ici, c’est bien la maison la plus originale de France, pour reprendre le titre de l’émission de M6 que Paolo Calia a animée de 2011 à 2013. Si cette prestation lui a permis une certaine notoriété, l’histoire de ce peintre, photographe, designer, créateur d’événements, n’est pas réductible à ce rôle d’animateur télé.

 

« J’ai été formé à l’art contemporain, mais j’avais toujours tendance à aller vers le classique », raconte cet Italien d’origine sarde dont la calvitie permet de dissimuler un âge qu’il m’a fait promettre de ne pas révéler. Aux Beaux-Arts de Venise, au début des années 70, ses professeurs tentent bien de le contrarier – comme on contrariait les gauchers – en le remettant dans le droit chemin : « Ils voulaient me convaincre que j’étais un artiste conceptuel. S’ils venaient ici ils auraient une crise cardiaque », s’amuse-t-il. J'ai beau savoir que ces locaux frigorifiques ne sont plus utilisés depuis belle lurette par la SNCF, je ne parviens pas à imaginer comment était ce palais des mille et une nuits, ce décor de péplum ou de film bollywoodien avant sa transformation. « Au départ je l'ai décoré pour le tournage d'une pub », raconte Paolo Calia. Un jour de 1985, un copain lui a dit : « Va dans les Frigos, plein d'artistes y ont leurs ateliers. Louer pour une journée coûte moins cher qu'une semaine ailleurs. » « Je ne savais pas ce que c'était, les Frigos. Quand je suis venu, la porte était enlevée et des clochards dormaient partout. C’était la poubelle, ici », se souvient-il. La bâtisse, avec sa fameuse tour d'angle, ressemblait alors à un château fantastique isolé au milieu des rails dans un coin du 13e en friche. Ce décor digne de Léo Malet a bien changé depuis.

 

Boy George au milieu des anges

À l’époque, Paolo Calia habite encore dans le 8e. Du 13e, il ne connaît alors que le magasin des frères Tang dans lequel il va toujours, ça le fait « voyager ». Après avoir tout retapé, il commence à donner ses rendez-vous dans ce studio mais, à force de perdre du temps dans les embouteillages, il décide de s’y installer définitivement. L’endroit porte les traces, comme autant de strates, des changements successifs. « Je faisais des photos pour les magazines. Je me souviens avoir pris Boy Georges au milieu des anges pour le magazine Globe. Pour Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier, Arielle Dombasle et d’autres, je préparais un nouveau décor et je retirais l’ancien. Et puis je trouvais dommage de l’enlever. »

 

[...] Retrouvez la suite de ce portrait dans Le 13 du Mois #45

 

Publié par Olivier Bailly  le 12 Novembre 2014
 

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir

///  Rubriques
///  Boutique
↓ ↓ ↓                               ↓ ↓ ↓
///  Le kiosque
///  Contacts
Inscrivez vous à notre Newsletter
adresse e-mail: