13e oeil

Sac au dos et grosses semelles aux pieds, une armée de passionnés trouve son bonheur en explorant discrètement les friches industrielles, les bâtiments publics et les propriétés privés désaffectés. On les a suivi.

Romain a vite retrouvé l’entrée. En demi-sous-sol, un volet roulant à moitié sorti de son rail protège une fenêtre du rez-de-chaussée. « Je suis passé par là la dernière fois », se souvient le trentenaire en éteignant une cigarette roulée. Nous sommes au pied d’un hôpital abandonné, quelque part dans le sud de Paris. Les accès réguliers sont murés, les baies vitrées des étages hors d’atteinte. La chaussée est en bon état mais les haies de thuyas, les rosiers et les mauvaises herbes prospèrent sur les terre-pleins. Selon l’expression éculée, ici, la nature reprend ses droits.

Notre guide enjambe une rambarde, descend quelques échelons, soulève le rideau et se faufile dans le noir. On l’imite, un brin anxieux. Bien sûr, nous ne sommes pas censés être là. Pour venir, il a fallu passer devant des bâtiments occupés, l’air de rien, une excuse dans la poche au cas où. Personne ne nous voit. Gâchis d’adrénaline. David, ami et compère d’exploration de longue date de Romain, ferme la marche et bloque le volet avec une brique, histoire de nous ménager une sortie. Plus grand et moins chevelu, il porte le même uniforme : chaussures de marche, k-way, foulard, sac à dos. La panoplie de l’explorateur urbain.

[...] Un reportage à retrouver en intégralité dans le 13 du Mois #46