Rétroactu Élections législatives de 1978 | Politique |
Vague rose dans la 13e ouest
Aux élections législatives de 1978, le Parti socialiste n’emporte qu’une seule circonscription parisienne : la 14e, celle de la section ouest du 13e arrondissement de Paris. Une victoire à contre-courant des résultats nationaux.Au début des années 70, le parti socialiste est en pleine ascension. Né en 1969 de la réunion de l’antique SFIO de Jaurès et d’autres formations de gauche, il a élaboré un programme commun de gouvernement avec le Parti communiste (PCF), ce qui a permis à la gauche de rassembler 48% des voix aux élections législatives de 1973. La marche vers le pouvoir semble lancée et les adhésions affluent. Le 13e arrondissement n’échappe pas à la vague. Fin 1973, sa section compte déjà plus de 300 encartés. Pour être plus proches du terrain, les militants décident de la couper en deux, en prenant l’avenue d’Italie comme frontière. Chacune des entités ainsi créées correspond à une circonscription électorale. La 13e pour la section est, la 14e pour la section ouest, qui choisit Paul Quilès comme secrétaire général. Recrutement chez les soixante-huitardsLa section ouest prend vraiment son envol après la défaite sur le fil de François Mitterrand aux présidentielles de 1974 : 49,19% contre 50,81% pour Valéry Giscard d’Estaing. Elle recrute alors en masse parmi les jeunes soixante-huitards. Édouard Patino est de ceux-là. « On s’est dit qu’il y avait une possibilité d’arriver au pouvoir », se souvient-il. À ces anciens « gauchistes » marqués par l’anticolonialisme s’ajoutent les catholiques de gauche qui gravitent autour de la paroisse Saint-Hippolyte. Le groupe milite dans une zone où le PCF allié se sent chez lui. Mais les temps changent : les usines s’en vont avec leurs ouvriers et les nouvelles tours se peuplent de cadres moyens et d’enseignants, plus portés sur la rose que sur le drapeau rouge. « Paul Quilès, qui vivait dans ces immeubles, incarnait bien ce “pré-boboland” », commente Édouard Patino. Aussi, la jeune section décide d’occuper le terrain au plus près des habitants, pied à pied avec les communistes. Elle est découpée en sept « secteurs », sur le modèle des cellules du PCF. Les sujets plus transversaux sont discutés dans le cadre de groupes de d’action et de réflexion. « C’est un modèle qui a perduré jusqu’à aujourd’hui », remarque Emmanuel Coblence, l’actuel secrétaire de la section ouest. Batailles de motions avec la section est
À l’époque, les débats tournent surtout autour de l’éducation, de la petite enfance, de l’entreprise et de l’urbanisme. « Il y avait encore des taudis dans l’arrondissement », rappelle Édouard Patino. Les problèmes internationaux sont aussi beaucoup plus prégnants. Sur toutes ces questions, la section du 13e ouest se range derrière la motion incarnée par François Mitterrand et Michel Rocard, majoritaire dans le parti mais isolée à Paris, où la tendance du CERES, la gauche du PS emmené par Jean-Pierre Chevènement, domine toutes les sections, y compris celle du 13e est. Une situation qui donne lieu à un affrontement mémorable quand il faut choisir les trois candidats de la liste commune avec le PCF aux élections municipales de 1977. C’est la section est qui l’emporte, et ses représentants deviennent conseillers de Paris. La gauche gagne alors dans grand nombre de villes. Les législatives de 1978 s’annoncent fastes.
[...] La suite de cet article est à retrouver dans le 13 du Mois #51
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Publié par Jérôme Hoff le 06 Mai 2015 |