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Audrey Ritoux a fondé une association destinée à limiter la quantité de chats des rues en stérilisant les plus farouches et en faisant adopter les plus disciplinés. Pour elle, c’est de l’écologie.
Son appartement est tout juste assez grand pour elle, mais ses quatorze chats ne semblent pas se plaindre. Pour qu’ils ne manquent pas d’espace, Audrey Ritoux a laissé les étagères fixées au mur vides de tout livre, de tout bibelot. Elle a installé deux arbres à chats, tout en moquette, en douceur et en cachettes, pour accueillir ses dormeurs. Elle a sacrifié les trois quarts de sa salle de bains aux litières, et un peu son lit aussi, en haut sur la mezzanine. Dans l’appartement de 40 m2 situé près du square Héloïse et Abélard, il y a aussi deux gros chiens et un furet. Mais partager son espace n’a rien d’un supplice. Audrey aime tellement les chats que même son calendrier en sort une photo chaque mois, et que les cartes postales reçues accrochées au mur, ce sont aussi... des chats. On imagine son fond d’écran d’ordinateur. Audrey n’est pas une « mémère à chats », qui recueille à tort et à travers pour tromper la solitude. D’abord parce qu’elle a les cheveux couleur platine, des baskets et du vernis à ongles rose. Ensuite parce qu’elle a un travail (« dans la police »), un copain et des amis, même des « qui sont allergiques aux chats ». Enfin parce que derrière le refuge, elle est surtout la présidente d’une association préoccupée par la prolifération des chats errants (1), Bouba et compagnie. Depuis 2012, elle milite pour la stérilisation des chats.
Une colonie de chats, ça grossit vite C’est à ces frais de stérilisation que lui sert une grande partie des fonds de l’association, glanés au fil des dons et des subventions. Cette année, elle a reçu 2 000 dollars de Disney et des bons de l’association Brigitte Bardot pour stériliser cinq femelles et cinq mâles. « Il faut lutter contre la surpopulation animale, c’est de l’écologie », lance-t-elle, arguant de la teneur des nuisances pour l’homme, témoin des bagarres entre mâles et de poubelles éventrées, mais aussi des problèmes sanitaires en cas de prolifération. Une colonie de chats, cela peut grossir vite : ceux qu’elle nourrit tous les trois jours dans un chantier aux abords de l’école d’architecture du Val-de-Seine, dans le quartier Paris Rive Gauche, sont une dizaine. « Avec trois portées à l’année, s’inquiète Audrey, il y en aura 200 dans deux ans. On fera quoi après ? » Elle nous montre une infographie sur un polycopié, l’infographie du pire, quand, au rythme de ces trois portées à l’année, le nombre de chats aura atteint 144 au terme de la deuxième, 1728 la troisième et 20 736 la quatrième. « C’est mathématique », dit-elle. En 2013, l’association a stérilisé 14 chats ; 13 en 2014. Loin d’être suffisant, pour Audrey. En attendant, la jeune femme tient à jour les informations de chaque animal qu’elle a fiché : âge, date de stérilisation, visites chez sa vétérinaire et, éventuellement, date d’adoption. Bouba et Cie a aussi pour vocation de trouver une famille aux chats recueillis, soignés et parfois sociabilisés. « Certains sont des chats abandonnés qui ne sont pas habitués à la vie sauvage, on essaie de les caser chez des gens de confiance. »
[ ...] La suite dans Le 13 du Mois # 52
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Publié par Virginie Tauzin le 15 Juin 2015 |