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DOSSIER | Vol au-dessus du 13e

 

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Outre les traditionnels pigeons, de nombreuses espèces se sont plus récemment adaptées à la vie en ville. Oiseaux de mer, perruches, passereaux et même rapaces se croisent désormais dans le ciel de Paris.

Du 50e étage de la tour Saporo, Danièle Monier les regarde tournoyer dans le ciel. Une fois ou deux, l’un s’est même posé sur son balcon, le temps d’un cliché. Depuis deux ans, les Olympiades sont le territoire d’un couple de faucons pèlerins, rejoints un temps par un tout jeune, peut-être issu de la nichée 2014 de la tour CPCU d’Ivry, selon l’habitante. Étonnante petite troupe, dans un Paris qu’on imagine dévolu aux pigeons. Les plus attentifs auront remarqué que d’autres rapaces sont tout aussi installés, en particulier les faucons crécerelles et les éperviers d’Europe. En 2005, Frédéric Malher, ornithologue membre du Corif (1) et co-auteur de l’ouvrage de référence Oiseaux nicheurs de Paris : un atlas urbain, disait même autour de lui : « Il ne manque plus que les faucons pèlerins ! » Disparus en 1947 de la région parisienne, ils y sont réapparus dans les années 90, ont été vus à La Défense en 2008 avant d’entrer dans Paris en 2010, sur la tour Beaugrenelle. Les pèlerins à Paris, tout un symbole, eux que l’on trouve habituellement au milieu des falaises. Mais à Paris, la nourriture est bonne ; ils avalent en vol pigeons, étourneaux ou martinets.

La communauté des crécerelles, le plus répandu des oiseaux de proie, a niché dans le jardin d’un appartement inhabité au rez-de-chaussée de la tour Tokyo, et occupe depuis une dizaine d’années l’un des recoins de l’Arc de Triomphe. Les éperviers fuient eux aussi les parcs occupés pour s’installer « dans des endroits improbables comme les arbres au-dessus du périph’ ou sur le parking du Zénith », précise Frédéric Malher. Au contraire, la chouette hulotte, qui se portait bien il y a une trentaine d’années, a décliné progressivement pour atteindre 4 à 5 couples dans les années 2000. Il n’y en a plus aucune trace aujourd’hui à Paris.

 

Au parc de Choisy, 42 espèces d’oiseaux


Peu sont ceux qui, comme Danièle Monier, les remarquent. « Ils sont tellement haut perchés que l’habitant lambda ne les voit pas », dit Olivier Païkine, chargé d’études à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Paradoxalement, l’ornithologie urbaine connaît un développement certain : Paris est parsemé de volontaires chargés de rendre compte de leurs observations à des organismes tels que le Corif, la LPO, Natureparif ou encore Vigie Nature, le dispositif mis en place par le Muséum d’histoire naturelle. L’œil aiguisé et l’oreille affutée, ils arpentent un périmètre donné. Depuis trois ans, Isabelle Giraud fait partie du programme d’observation des oiseaux des jardins de Vigie Nature. « Chaque semaine, je passe une heure dans le parc de Choisy et je prends des notes. » Malgré le bruit de l’avenue de Choisy, elle a appris à distinguer chaque son, chaque chant, et a inventorié 42 espèces d’oiseaux dont 15 nicheuses : merles, étourneaux, mésanges bleues et charbonnières, rouge-gorge, pinsons... Mais il y a aussi des espèces qu’elle voit moins, comme le pic épeichette, la sittelle torchepot ou la mésange huppée.

Les données recueillies par ces informateurs permettent de déterminer l’état des espèces dans la capitale et, globalement, ça ne va pas trop mal. « Le nombre d’oiseaux nichant à Paris a doublé au 20e siècle », indique Frédéric Mahler, du Corif. Îlot de chaleur (trois degrés de plus qu’à la campagne alentour), nourriture en masse, nombreux endroits pour nicher, abondance de parcs, absence de chasseurs et, très notable, gestion propre des jardins, sans insecticides, rendent la ville accueillante. Une soixantaine d’espèces y nicheraient, d’autres y séjournent volontiers au cours de leur migration. À l’automne dernier, un torcol fourmilier, très rare à Paris, s’est arrêté dans le jardin Abbé-Pierre aux Grands Moulins.

 

[...] La suite de cet article dans Le 13 du Mois #52

 

Publié par Virginie Tauzin  le 15 Juin 2015
 

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