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DOSSIER | La Seine redevient « Poisson friendly »

 

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Le poisson est revenu dans la Seine. En quarante ans, le nombre d’espèces recensées en région parisienne est passé de quatre à plus de 30, dont 24 à Paris. Une avancée obtenue grâce aux progrès de l’assainissement et à la vigilance des pêcheurs.

 

Philippe Picard a posé ses quatre cannes aux manches multicolores quai Panhard-et-Levassor, sous le pont National. Il est seul. « On ne pêche plus dans ce coin. Il y a trop de péniches », explique-t-il. D’ordinaire, les Parisiens le rencontrent plutôt du côté du Pont des Arts, du Pont Neuf, ou de Paris plages. Avec trente-six années de pêche parisienne au compteur et plus d’un millier d’heures de pratique annuelle, ce boulanger à la retraite, habitant du 13e, est une figure des quais de Seine. Sa chemise camouflage, sa casquette plate et son bagout y attirent toujours des foules de curieux. « Une fois, des gars se sont battus pour m’aider à sortir un poisson », assure-t-il. En temps normal, les badauds se contentent de lui poser des questions. Souvent les mêmes : « Ça mort ? », et « Qu’est-ce que vous pêchez ici ? »

 

L’anguille, planquée sous les péniches

 

Ses réponses peuvent surprendre : loin d’être le cloaque qu’on imagine, la Seine héberge, au dernier recensement, 32 espèces de poissons, dont 25 s’aventurent jusque dans les eaux parisiennes. Les plus fréquents sont la tanche, la perche, le brochet, carnassier au museau allongé qui se reproduit en amont, le gardon, avec ses nageoires et ses yeux rouges, et l’anguille, qui se planque sous les péniches ou les rochers. Philippe Picard, qui note scrupuleusement toutes ses prises, en a ferré 5 714 l’année dernière. En vrac, il a aussi pêché 14 truites, 163 ablettes, du fretin argenté qui peut servir d’appât pour du plus gros calibre, 381 brèmes, des fouisseuses de vase en forme de plateau d’argent, 31 carpes, elles-aussi gratteuses de fond, pouvant atteindre 8 à 12 kilos. Le très allongé barbeau retourne les pierres à la recherche des invertébrés qu’il affectionne. Le silure, arrivé du delta du Danube il y a une trentaine d’années, peut mesurer jusqu’à deux mètres. Il mange d’autres poissons et parfois des canetons. Le sandre est lui aussi immigré. Les jeunes adeptes du street fishing, qui utilisent des leurres souples parfois faits maison, sont friands de ces carnassiers. Le moustachu poisson-chat aurait pour sa part été introduit au 19e siècle. Celui-là est considéré comme nuisible. Il peut survivre plusieurs heures hors de l’eau. Garde-pêche bénévole, Philippe Picard veille à ce que personne ne le transporte ou ne le relâche. C’est interdit.

 

[...] La suite dans Le 13 du Mois # 52

Publié par Jérôme Hoff  le 15 Juin 2015
 

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