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PORTRAIT | Luce Mondor

 

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Passionnée de nature

Professeure de lettres à l’école supérieure des arts et industries graphiques, dite école Estienne, elle est surtout la créatrice des oscars du dessin de presse, le prix Presse Citron. Femme du monde ancrée dans le bucolique, Luce Mondor déclame son amour de l’engagement, de la liberté et de l’esprit du 13e arrondissement.

Elle est un peu angoissée : elle a beaucoup parlé ce matin. Alors au moment de se coucher, Luce Mondor ne se sent pas tranquille. Elle ne voudrait pas se trouver dans l’embarras une fois le portrait glacé. « C’est très agréable de parler de soi », se revoit-elle dire à ses interlocuteurs qui la quittent sur le palier de son appartement. Elle est connue pour ça, pour sa tchatche, ses anecdotes, sa facilité à entrer dans le vif du sujet, dans le bouillon de l’émotion. Elle s’exprime en public, dans les médias, à la tribune de la remise des prix Presse Citron, qui récompensent chaque année les meilleurs dessins de presse. On l’y voit en robe à sequins rouge, ovationnée par ses élèves de l’école Estienne qu’elle a emmenés dans l’aventure, applaudie par les professionnels pour son organisation singulière, son accueil survolté, sa jeunesse illimitée, sa robe à sequins rouge. À 63 ans, la pimpante Luce Mondor dit « mon mec » quand elle parle de l’homme avec lequel elle est mariée depuis trente ans, porte des talons hauts en continu, ne se cache pas d’être amoureuse de son calendrier des Dieux du stade et se fait toujours quelques potes dans les promotions d’Estienne auxquelles elle donne des cours de lettres depuis 1992. Et si elle songe à sa retraite, c’est pour envisager sa future reconversion en écrivaine publique.

 

Un rouge limé au petit déjeuner

Luce Mondor a fabriqué un prix d’envergure, que personne n’aurait idée de contester aujourd’hui, sauf peut-être pour une question de sécurité. Car Presse Citron vise au travers du dessin de presse la liberté d’expression. Sa marotte de toujours. « Ni dieu ni maître », lance-t-elle depuis sa cuisine où elle prépare un thé, pour rappeler ses jeunes années qu’elle qualifie d’« anarchistes ». Ça lui vient bien de quelque part. En premier de la Corrèze profonde, là où le Cantal n’est pas loin et où le papy lui administre un rouge limé (vin rouge-limonade) chaque matin dans un verre de cantine. « C’était un communiste, il a fait le Front populaire. Il était intelligent, il avait tout appris tout seul », raconte-t-elle avec admiration. Elle va à l’école mixte où ses parents sont instituteurs, l’un de la classe des « petits », de la maternelle au CE2, l’autre de celle des « grands », jusqu’au certificat d’études. « Ils n’ont jamais trop voulu reconnaître qu’ils étaient plus durs avec moi qu’avec les autres pour ne pas avoir l’air de me chouchouter. » C’était une sorte de communauté, dans la nature, « où on n’avait pas besoin de grand chose ». Elle cite Pagnol et Les vacances de monsieur Hulot quand ils partaient en vacances en 4 CV, décrit les fêtes de ses parents : « On chantait, on dansait. Il y avait ce côté populaire et politique. » Très à gauche et surtout anticlérical : « J’avais droit à tout sauf d’aller à l’église et au catéchisme. À cette époque, j’aurais bien aimé aller faire des bêtises avec les garçons du catoche, mais je ne pouvais même pas leur parler ! »

 

[...] La suite de ce portrait est à retrouver dans Le 13 du Mois #52

 

Publié par Virginie Tauzin  le 15 Juin 2015
 

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