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PORTRAIT | Dominique Gaultier

 

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Toujours le mot pour lire

 

Avant d’être la maison d’édition d’Anna Gavalda, Le Dilettante était une petite librairie nichée dans le quartier de la Butte-aux-Cailles. Portrait de son fondateur, Dominique Gaultier, un pur enfant du 13e.

 

Dilettante : « Personne qui s’adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir. Personne qui ne se fie qu’aux impulsions de ses goûts. » Cette définition, tirée du petit Larousse, figure sur chaque livre publié par les éditions du Dilettante depuis leur création, il y a trente ans. Combien de lecteurs ont découvert Robert Giraud, Henri Calet, Emmanuel Bove, Georges Hyvernaud, Paul Gadenne et tant d’autres écrivains oubliés, méconnus, grâce au Dilettante ? Combien de jeunes auteurs ont fait ici leurs premières armes, d’Eric Holder à Anna Gavalda, en passant par Romain Puertolas ? Dominique Gaultier, le patron de cette maison d’édition indépendante née dans le 13e, n’écrira jamais son autobiographie, mais il suffit de consulter son catalogue pour deviner les passions d’un homme dont le vice impuni est, depuis l’enfance, la lecture : « Je me suis aperçu du pouvoir de la littérature avec Sans famille d’Hector Malot. Quand le petit Rémi arrive chez la mère Barberin qui est en train de faire des crêpes. Ce ne sont que des signes noirs sur blanc, mais j’avais envie de les manger. Je devais avoir sept ans. J’ai lu très vite. Après j’ai eu la chance d’avoir une bonne maîtresse d’école. Dans sa classe, il y avait une armoire où les livres étaient à disposition. Je me souviens que j’avais voulu prendre la version intégrale de David Copperfiel. Elle m’avait dit que j’étais trop petit. Piqué au vif je l’ai pris. »

 

« Je passe mon temps à bavarder dans ma librairie »

Le petit lecteur est devenu grand (1,92 mètre). Certes, avec le temps, le jeune homme dégingandé s’est arrondi, s’est un peu voûté, a pris de l’épaisseur. C’est même désormais un personnage littéraire. Dans Nouilles froides à Pyongyang, Jean-Luc Coatalem, son ami reporter (et auteur maison), le campe sous les traits de Clorinde, personnage beckettien : « Volontiers ironique, souvent silencieux comme une ammonite, il peut paraître abrupt. Mais Clorinde cache son jeu : à l’usage, il se révèle sentimental et charmant comme un enfant. » Dans sa librairie, place de l'Odéon, ce marxiste tendance Groucho, se définissant comme un « despote éclairé », accueille ses clients, un brin pince sans rire, fume-cigarette aux lèvres. Il a bien un bureau au premier étage, là où s’activent les quatre employés de sa maison d’édition, mais il préfère être dans sa librairie, avec les lecteurs. « Je passe mon temps à bavarder. Les gens m’apprennent des choses. C'est le commerce des idées. » Après guerre, ses parents quittent la Normandie pour Paris. Son père est sellier, mais à cette époque déjà les chevaux courent davantage sous les capots des voitures que dans les près. À la capitale, il devient ouvrier dans l'automobile où il travaille notamment chez Panhard. Dominique Gaultier est né en 1953. Enfant et adolescent, il suivra sa scolarité dans le 13e, place Jeanne-d’Arc et rue Fagon, et il a quasiment toujours vécu dans le même appartement, rue Clisson.

 

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Lire la suite dans Le 13 du Mois #54

Publié par Olivier Bailly  le 03 Septembre 2015
 

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