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SOCIETE | De plus en plus de migrants quai d'Austerlitz

 

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©‎ Mathieu Génon

 

Plus de trois mois après l'évacuation du camp de la Chapelle, le sort de ceux installés sur le quai d’Austerlitz est toujours aussi incertain. Ils sont pourtant sans cesse plus nombreux.

 

Près de 300 000 migrants ont essayé de rejoindre l'Europe depuis le début de l'année, et plus de 2 500 ont péri lors de leur tentative, souvent en Méditerranée. Le gouvernement annonçait début septembre la construction d'un campement humanitaire pouvant accueillir 1 500 personnes à Calais. À Paris, ça patine. Presque chaque semaine, de nouveaux arrivants viennent agrandir le camp de tentes installé sous la Cité de la mode et le pont Charles-de-Gaulle. Surtout des hommes, mais aussi des femmes et des enfants, qui dorment à même le sol, à plusieurs par tente. « C'est difficile de quantifier, mais ils sont au moins 400 migrants à ce jour [contre 200 il y a six mois, ndlr]. En juin, il y avait deux rangées de tentes sous le pont Charles-de-Gaulle, il y en a maintenant six », déplore Marc Naelten, coordinateur du collectif de soutien. Certains sont là depuis bientôt deux ans, d'autres seulement en transit, espérant rejoindre l'Angleterre ou les pays scandinaves.

Malgré l'afflux, aucune solution ne semble proposée. Trois mois après l'évacuation du camp de la Chapelle, rien ne semble bouger ici. Le 20 juillet dernier, la Mairie et la préfecture s'étaient engagés auprès du collectif à procéder « rapidement » à une évacuation sanitaire. Les migrants attendent toujours. Le collectif de soutien, monté autour de RESF, la Cimade ou encore la Ligue des droits de l'homme, a introduit un semblant d'organisation. Des délégués de camp se sont démarqués, des présences associatives assurées tous les jours en fin d'après-midi, des « moments collectifs » entre associations et migrants mis en place, les distributions de nourriture et de vêtements pérennisées. « L'été a été un peu compliqué avec beaucoup de bénévoles en vacances, mais les permanences ont eu lieu, et on a même organisé trois manifestations dans les rues de Paris », se félicite Marc Naelten.

 

MONTRER QUE LES MIGRANTS NE SONT PAS INVISIBLES

Début septembre, un nouveau défilé était organisé à l'initiative du collectif pour marteler la nécessité d'offrir à ces migrants « des hébergements dignes et pérennes et un accompagnement dans leurs démarches administratives ». Une manière de rappeler les engagements, mais aussi de montrer que les migrants ne sont pas invisibles. Le collectif veut aussi poser un cadre et des conditions pour l'évacuation qu'ils souhaitent prochaine. Pas question qu'elle se passe dans les mêmes conditions qu'à la Chapelle début juin. Marc Naelten pense que les choses peuvent bouger au cours du mois de septembre. Mais il préfère rester prudent. Après tout, cela fait maintenant trois mois que l'évacuation est « imminente ». Pourtant, le temps presse. L'automne arrive. Et Marc Naelten redoute la mi-octobre, « quand les SDF et les migrants seront mis en concurrence pour les hébergements ».

 

Publié par Philippe Schaller  le 03 Septembre 2015
 

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