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DOSSIER I Jazz : la nouvelle Complainte du progrès

 

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Avec trois studios de répétition parfaitement équipés, l’Union des musiciens de jazz, installée aux Frigos depuis 1991, est l’un des lieux les plus plébiscités par les jazzmen. L’association tente de conserver son niveau d’exigence et son esprit tout en s’ouvrant à d’autres activités. Question de survie.

 

En ce moment, Ping Machine vient répéter une journée toutes les deux semaines. Le big band a bien besoin du studio A, le plus grand, celui avec une fenêtre. « Ça va suer ! », lance Andrew Crocker, l’un des trompettistes. Quand les quinze se mettent en action, ça fait du barouf. « Il n’y a pas tant de grands studios de répétitions à Paris et encore moins qui correspondent à la musique qu’on fait, souligne Frédéric Maurin, le compositeur. Les autres sont formatés pour la variété, le rock. Ici tu as une batterie qui sonne jazz, un piano... » Les pointus connaissent la nuance. Ils viennent pour ça. Située au deuxième étage des Frigos, l’Union des musiciens de jazz (UMJ) voit passer chaque année près de 1 500 personnes, la plupart professionnelles, et compte environ 200 adhérents, qui bénéficient de tarifs préférentiels pour la location de salles. Chaque studio acoustique a son parc instrumental, dont un piano. Le plus grand se loue 45 euros pour trois heures (tarif adhérents) : un atout de plus en comparaison d’autres studios privés.

Le coup de jeune programmé

Là, les jeunes formations côtoient les illustres : Manu Katché, Michel Jonasz, Keziah Jones, Laurent Mignard du Duke Orchestra, le saxophoniste Émile Parisien ou Ibrahim Maalouf passent de temps en temps. Le fils de Pierre Richard, lui aussi trompettiste, est venu préparer la soirée des 80 ans de son père. « Connu ou pas connu, tout le monde est logé à la même enseigne ici. Tu ne sais pas à côté de qui tu joues », précise Marie Robert, régisseuse à l’UMJ. L’association aimerait même se redonner un coup de jeune en retrouvant sa vocation d’il y a trente ans : fédérer les artistes, faire qu’ils se rencontrent, échangent sur leurs problèmes, s’unissent pour peser, se fassent entendre. « Avec le temps, on est devenu exclusivement un studio de répétition, dit Bernard Ungar, son président. Il faut qu’on se fasse mieux connaître. En plus, avec la perte de la subvention du ministère de la culture, nous sommes dans une phase difficile. » Partenariat avec des festivals, production de jeunes talents ou ateliers dans les écoles avec la Mairie de Paris, l’UMJ se diversifie. Mais de là à s’ouvrir à d’autres styles musicaux... « Il y a déjà beaucoup de fusion dans le jazz, avec le hip hop, le rap..., évacue Marie Robert. Le jazz est déjà en train d’évoluer avec la jeune génération. » Même s’il faut remplir les créneaux horaires – les salles sont disponibles de 10h à 22 heures –, l’association n’envisage pas d’accueillir de la variété dans ses locaux. « On ne dénaturera pas l’UMJ pour une question de business », tranche Bernard Ungar.

La suite de cet article dans Le 13 du Mois N°53

Publié par Virginie Tauzin  le 23 Juillet 2015
 

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