Portrait de Papy Dance | Portrait |
Dis, papy, pourquoi tu danses ?En dix ans, il est passé du statut de « vieux qui danse sur la place d'Italie » à celui de Papy Dance, vedette branchée d'Internet. Pour nous, il est Élie, 76 ans, ni marginal ni sans-le-sou, mais simple retraité qui, au rythme de ses déhanchements, se libère de ses peines.
Cet homme est célèbre. Son histoire, il affirme l'avoir racontée à des gens d'ici, de là, du bout du monde. « Regardez sur Internet, vous trouverez tout sur moi. » En effet : vidéos, articles sur des blogs étrangers, groupes de fans sur Facebook ou même tapis de souris à son effigie. En tout, une douzaine de pages Google lui sont consacrées. De qui parle-t-on ? Oubliez David Guetta ou Kamel Ouali, place à Papy Dance. Une fois de plus, il accepte de se livrer, concédant que, malgré sa notoriété, la plupart des gens continuent de se demander : « Mais que peut-il bien se passer dans la tête de ce type pour faire ça ? » Bouger pendant des heures, en public, sur des tubes de boîtes de nuit, à son âge ? « On me prend pour un cinglé, surtout la première fois », dit-il. Tous ceux qui l'ont croisé peuvent confirmer : la première fois, c'est unique. Devant le centre commercial de la place d'Italie, le samedi après-midi ou d'autres jours de la semaine, sur fond de Lady Gaga and co. sortis d'un petit baladeur relié à deux amplis, Papy Dance, casquette de travers, tee-shirt floqué à son nom et cigarillo coincé entre les dents, met les gaz. Les poignets miment la moto qu'on pousse à fond, les pas enjambent des marches imaginaires, quand il ne se met pas en position de surfeur pieds scotchés-corps qui se balancent de gauche à droite, avec les bras qui tournoient au-dessus de la tête. La technique du dilettante, en somme. « Je ne suis pas un danseur, juste un gars qui bouge », justifie-t-il. Des heures durant quand il fait frais, un peu moins ces temps-ci : trop chaud.
« Ni cloche ni mendiant »
Pourtant, le succès auprès du public, qu'il n'ose toujours pas regarder en face lors de ses prestations, lui importe peu quand, il y a un peu plus de dix ans, Élie décide de « bouger ». « Je ne suis ni une cloche ni un mendiant », évacue-t-il au bout de cinq minutes, histoire de faire comprendre que ses motivations viennent d'ailleurs. D'où, alors ? D'« ennuis personnels », qu'il traduit bientôt par « le décès de mon épouse », suivie d'une année « chez moi dans le noir complet », à hésiter entre vivre et mourir. Et puis, un beau jour, sa décision est prise. Élie sort enfin, mais pas n'importe où : « Je suis allé en boîte, à la Coupole. Les gens n'en croyaient pas leurs yeux. Les filles attendaient leur tour pour danser avec moi. Je montais même sur le podium », rit-il, encore flatté par ce succès. À vrai dire, Élie ne sait pas « comment c'est arrivé, cette envie », lui qui n'avait jamais dansé avant, ni trop écouté de musique. « Vous comprenez, j'ai passé dix ans à m'occuper de ma femme malade. Quand je l'ai perdue je me suis senti tellement inutile. Alors il fallait que je fasse la musique dans la rue. » « Faire la musique », c'est comme cela qu'il appelle son activité.
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Publié par Virginie Tauzin |
Commentaires
il doit nous dire son secret
http://www.youtube.com/watch?v=NeD9_WgGGfg
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